Une épée de Damoclès pesait sur le collectif écologiste Soulèvements de la Terre depuis des semaines. Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a mis sa menace à exécution mercredi 21 juin. La dissolution du mouvement a été prononcée ce mercredi matin en Conseil des ministres. La procédure a été mise en œuvre après une nouvelle manifestation pourtant interdite contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin, le jeudi 15 juin. Lors de celle-ci, des échauffourées ont éclaté. Plus radicaux que les autres écologistes, les membres des Soulèvements de la Terre n’hésitent pas à mener des actions spectaculaires, voire violentes, rappelle Le Parisien.
Ça a notamment été le cas à Sainte-Soline, le 25 mars, ou près de Nantes, le 11 mars. Dans son décret de dissolution, le gouvernement insiste sur le “rôle majeur dans la conception, la diffusion et la légitimation de modes opératoires violents”, avant de lister des manifestations avec des “destructions matérielles” et “des agressions physiques contre les forces de l’ordre”. “Ce n’est pas la liberté d’expression ou de manifestation qui est en question. […] C’est le recours répété à la violence contre les biens et les personnes” qui est sanctionné, a commenté Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, à l’issue de la réunion.
“Faire taire” les Soulèvements de la Terre
Sur son compte Twitter, le collectif rétorque qu’il s’agit “une dissolution très politique et particulièrement inquiétante réclamée directement au chef de l’État par l’agro-industrie et la FNSEA”. “On ne dissout pas un Soulèvement. Tout continue. Car vous êtes, nous sommes toutes et tous, les Soulèvements de la Terre”, est-il écrit. Pour les Soulèvements de la Terre, la manœuvre vise à “essayer de faire taire les Soulèvements de la Terre”, soit une “vaine tentative de casser le thermomètre plutôt que de s’inquiéter de la température”. Appelant à des rassemblements de soutien devant les préfectures, le mouvement est soutenu par des personnalités, qui entendent prendre sa défense devant le Conseil d’État à 17 h.
Une mobilisation importante pour l’avenir. Comme l’explique le site Reporterre, citant une avocate du mouvement, les conséquences du décret font qu’“en théorie, cela veut dire que toute personne qui continue à utiliser l’identité visuelle, le slogan, les logos, ou qui continue à se revendiquer des Soulèvements de la Terre peut être poursuivie”. Si ses membres peuvent encore se côtoyer, ils ne pourront “plus organiser des réunions, préparer des actions ressemblant à ce que font les Soulèvements de la Terre”.
Des peines lourdes
Ceux qui feront abstraction des interdictions encourront jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende en cas de reconstitution du groupement dissous. Pour éviter sa renaissance, le gouvernement dispose de moyens de surveillance importants, comme les écoutes administratives, la captation de conversations, la géolocalisation, etc.
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