Dans les paroisses, les réflexions sont aujourd’hui diverses et parfois contrastées lorsqu’il est question de l’écologie. C’est un signe que le sujet intéresse mais qu’une diversité de points de vue est apparue quant aux buts et à la méthode.

Un débat tous azimuts

Certaines opinions font valoir que les Églises n’agissent pas assez pour la planète et doivent mettre en place plus systématiquement des projets concrets de terrain comme le label Église verte, car « l’avenir du monde dépend aussi de mon comportement individuel ».

Pour d’autres, l’Église doit « promouvoir la réflexion sur ces sujets, car ils impactent considérablement l’avenir de nos enfants ». Pour d’autres encore, l’Église est un lieu spirituel de par- tage de l’Évangile et « arrêtons de nous mentir, ce n’est pas en triant les déchets de la paroisse que l’on va sauver la planète, mais en se mettant au service du Christ et du monde pour changer les mentalités ».

Accompagner la peur

Au-delà de ces différentes approches caricaturées, le tableau que chacun brosse de la situation du monde est à la mesure, à la fois de la conscience qu’il en a et du degré d’urgence qu’il lui reconnaît. En France, une part de la jeunesse refuse par exemple l’idée d’enfanter, pour ne pas laisser à sa progéniture le calvaire d’une vie impossible dans un monde rendu violent par le manque d’eau ou la chaleur. Parmi eux, les Ginks (Green Inclination, No Kids) pour lesquels la peur de l’avenir impose des choix immédiats et radicaux. Mais la tendance dépasse ce mouvement et pourrait concerner entre 10 et 15 % de la population des jeunes adultes, une étude du magazine Parents l’avait même évaluée à 25 % durant le stress du Covid et des confinements. Que peuvent dire les Églises face à ces peurs et comment les accompagner ?

Témoigner de la réalité

À l’autre bout de l’échelle du stress, il existe également une part non négligeable de la population qui croit en l’avenir à cause de l’avancée constante des progrès d’une science qui a toujours su trouver la parade aux dérèglements apportés par les avancées précédentes. À chaque invention correspond un mieux-être de l’humanité, qui doit inévitablement gérer la face sombre de l’innovation comme cela a été fait avec le nucléaire par exemple, permettant aujourd’hui de soigner, chauffer et apporter l’énergie vitale aux sociétés modernes. Certains vont jusqu’à nier l’existence d’un problème climatique ou miser sur l’intervention divine pour sortir de ces impasses. L’Église peut-elle apporter des outils pour gérer un risque de déni de la réalité ?

Parler clair et droit

Entre ces pensées parfois extrêmes, la société prend lentement conscience de la réalité : la fin de la civilisation d’expansion est annoncée, l’extinction du pétrole et des ressources fossiles est en partie déjà visible dans la danse des prix de l’énergie, l’agriculture évolue pour passer par endroits du maïs avide d’eau au sobre sorgho, le terme de réfugié climatique est couramment utilisé. Dirigeants politiques et populations cherchent au milieu de ce chaos d’annonces une ligne directrice stable et crédible pour tracer des orientations pour l’avenir. Or pour chaque débat de fond, la société attend des Églises qu’elles prennent position et donnent des repères. C’est vrai pour les questions touchant à la fin de la vie, l’écologie, l’accueil de l’étranger et toute question d’éthique en général. La société moderne a beau rejeter la croyance dans la sphère de la vie privée, elle semble néanmoins considérer que la gestion d’un État impose sur certains sujets des mesures de gouvernement qui soient cadrées et contraintes par des considérations éthiques.

Les Églises, les ONG et les associations paraissent bien placées pour être les garantes de cette réflexion et tenir le rôle de garde-fou, à condition qu’elles acceptent de ne pas vriller les débats par des idéologies ou des théologies particulières. On se méfie des Églises mais on demande le concours éthique de leur spiritualité. Il y a là dans les années qui viennent un boulevard pour que l’Église offre du sens au monde.