Article publié le 19 janvier 2012, mis à jour le 14 octobre 2019

Née dans une famille protestante, l’économiste Esther Duflo, 39 ans, travaille sur l’économie de la pauvreté et du développement. Codirectrice d’un laboratoire d’action contre la pauvreté fondé aux États-Unis, elle a figuré l’an dernier dans le classement du Time des cent personnes les plus influentes au monde. En 2012, sort en librairie l’ouvrage Repenser la pauvreté, coécrit avec l’économiste indien Abhijit Banerjee. Entre promotion du marché et assistance, les solutions imaginées par les économistes n’ont pas produit les résultats attendus. C’est pourquoi Esther Duflo défend une nouvelle vision de la lutte contre la pauvreté : la nécessité de tester des réponses particulières à des problèmes spécifiques, par des expériences de terrain. Réforme l’a rencontrée.

Votre livre s’intitule Repenser la pauvreté. En quoi votre approche se distingue-t-elle des autres ?

Esther Duflo : Il domine une pensée paresseuse sur le développement : on réfléchit vite, on croit identifier le problème, puis on investit des milliards de dollars. L’échec des actions de lutte contre la pauvreté est dû, non pas forcément à la difficulté du sujet, mais à la […]