« Nelson est parti, notre peine est immense », « Adieu ma Garance et merci pour ces années de fidélité, tu as rejoint le paradis », « Kali, tu seras toujours dans nos cœurs… »… Ces messages postés sur les réseaux sociaux pourraient prêter à sourire, quand on sait que Nelson, Garance et Kali sont deux chats et un chien. Beaucoup trouvent ces manifestations choquantes, estimant que perdre un animal de compagnie est sans commune mesure avec la disparition d’un proche. Pourtant, ce deuil est tout aussi douloureux, et difficile à partager.
1,6 millions d’animaux de compagnie décèdent chaque année en France. Pour la plupart d’entre eux, qui ont vécu au sein d’un couple ou d’une famille, ou avec un « humain » protecteur, le lien entre l’humain et l’animal a été unique. Il ne se résume pas seulement à une cohabitation : c’est une histoire d’affection, de confiance, de complicité qui s’est tisée au fil des années, peuplée de souvenirs. Alors, quand ce lien se brise, il n’est pas rare de ressentir un vide immense, similaire à celui laissé par un proche.
Une relation particulière
Les animaux nous accompagnent dans des moments clés de notre vie. Dès l’enfance, un animal de compagnie peut être un confident et un soutien pour les plus jeunes, les aidant à grandir et à apprendre le respect de la vie sous toutes ses formes, la responsabilité et l’autonomie. Plus tard, nos compagnons à quatre pattes sont là pour nous réconforter lors des instants difficiles, ils nous apportent de la joie dans les moments de bonheur, mais surtout ils ne jugent pas, ils ne nous trahissent pas et leur fidélité est inébranlable.
Pour beaucoup, un animal est bien plus qu’un simple compagnon : il fait partie de la famille. Perdre cet être cher, c’est perdre une part de soi, de son quotidien, et parfois même de son équilibre émotionnel.
Le deuil d’un animal est souvent minimisé par l’entourage, qui va fréquemment ponctuer cette épreuve de phrases malheureuses, comme « Ce n’était qu’un chien », ou « Tu pourras toujours en avoir un autre », qui sont extrêmement choquantes pour les maîtres plongés dans la peine. Ces derniers vont devoir traverser les différentes phases du processus de deuil, à l’instar de la perte d’un proche : sidération, déni, colère, tristesse, acceptation.
Comment surmonter cette épreuve ?
Si l’on parvient à se départir des banalités ou moqueries d’un entourage maladroit, il est prioritaire de prendre du temps pour soi – et peut-être aussi avec conjoint et enfants si l’animal était l’âme du foyer.
Dans un premier temps, on peut imaginer un rituel de séparation. Organiser une « cérémonie », (toutes proportions gardées, et selon les envies ou croyances de chacun), prendre un temps ensemble pour se remémorer ce qui a été vécu, parler de lui, ou créer un espace pour se souvenir dans la maison ou le jardin aide à passer ce cap – en particulier quand la dépouille de l’animal a été incinérée rapidement. Beaucoup de « maîtres » font le choix de garder quelques objets (un collier, des jouets…) pour prolonger le souvenir.
Toute forme de tristesse est normale, il ne faut pas la refouler. Pleurer, parler de son animal, partager des souvenirs avec des proches permet de faire face à la douleur et de l’atténuer progressivement.
Si l’entourage n’est pas réceptif, il existe des forums ou des groupes de soutien en ligne où les gens partagent des expériences similaires. Cette démarche est d’ailleurs très avancée au Canada, et en particulier au Québec. Internet permet donc d’accéder à des forums francophones, au-delà des frontières. Il est toujours réconfortant de savoir que d’autres comprennent ce que l’on traverse.
Et cela peut prendre du temps. Or, il est tentant, pour combler le vide ou dépasser la douleur, de reprendre un nouvel animal rapidement. Chaque animal est unique, et en prendre un nouveau ne doit pas être un moyen d’oublier le précédent, mais toujours une décision réfléchie, quand on se sent prêt à accueillir une nouvelle vie dans son quotidien.
Mais si la douleur persiste et que le deuil semble insurmontable, il ne faut pas hésiter à se tourner vers un professionnel, comme un psychothérapeute. Certains sont spécialisés dans le deuil animalier et peuvent aider à traverser cette période difficile.
Chaque personne a sa propre manière de vivre ce moment, mais il est important de se rappeler que la tristesse ressentie est respectable et que la relation avec l’animal restera à jamais gravée dans le cœur.
Pour aller plus loin :
– Centre du deuil animalier (forums, professionnels…), au Canada et en France : https://www.centredudeuilanimalier.com/
– Apprivoiser le deuil animalier, Lynne Pion, Beliveau Editeur, 2017
– Le deuil de mon animal de compagnie (carnet pour se souvenir), Annique Lavergne, Editions Petit Homme, 2017
– Son odeur après la pluie, Cédric Sapin-Defour, Stock, 2023. Le récit du lien entre un homme et son chien. Plébiscité par des milliers de lecteurs.
– Un épisode du podcast « Dose de psy », consacré au deuil animalier https://dosedepsy.captivate.fm/episode/surmonter-le-deuil-animalier-comment-sy-prendre-