Alors que dans certains pays des études chiffrent le coût macroéconomique de la pauvreté et budgétisent une politique qui la ferait disparaître, la France ne disposait pas d’un tel outil. Face aux difficultés budgétaires du pays, le collectif Alerte a souhaité montrer que la lutte contre la précarité permet de réaliser des économies. Pour y parvenir, elle a contacté des cabinets de conseil en leur demandant s’ils accepteraient de réaliser gratuitement une telle étude.

« Pour mener cette étude, le cabinet Oliver Wyman s’est appuyé sur des travaux conduits en France ou à l’étranger. Si certains résultats sont préliminaires et appellent d’autres travaux d’approfondissement, l’intérêt de ce travail est de poser le débat dans des termes nouveaux : combattre la pauvreté n’est pas seulement une évidence morale pour redonner de la dignité à chacune et chacun, c’est aussi une évidence économique », écrit Noam Leandri, le président du collectif.

Hausse des minima sociaux

Le document chiffre « à 119 milliards d’euros par an » le coût de la pauvreté. Il souligne qu’« un investissement public additionnel de l’ordre de 8 milliards d’euros par an en moyenne sur dix ans permettrait de la résorber ». Pour aboutir au montant de 119 milliards, le cabinet a additionné les dépenses liées aux minima sociaux, comme le RSA, l’AAH et le minimum vieillesse. Il a également pris en compte d’autres transferts sociaux (aide alimentaire, aides au logement, budget hébergement, etc.). Le financement des associations d’aide aux plus démunis (près de 51,4 milliards d’euros) a ensuite été ajouté. Il en va de même pour le coût des « externalités négatives persistantes » de la pauvreté sur la santé, l’éducation, la justice et la sécurité, et les « coûts d’opportunité directs » pour les finances publiques. Ce dernier point repose sur le calcul des déficits de cotisations et de recettes fiscales produits par l’inactivité et celui des « coûts d’opportunité indirects », pour la croissance du PIB (67,2 milliards d’euros).

Selon le rapport, l’éradication de la pauvreté passe par une hausse des minima sociaux (18 milliards d’euros), un meilleur accompagnement vers le retour à l’emploi (6,5 milliards d’euros). Si l’on ajoute le traitement des problèmes de logement les plus graves (2,7 milliards d’euros), il faudrait dépenser entre 27 et 28 milliards d’euros, dès la première année. Au fil du temps, ces enveloppes iraient en décroissant, si bien qu’en moyenne le coût de cette politique active de lutte contre la pauvreté serait de 8 milliards d’euros par an sur dix ans.

L’espoir d’une proposition de loi

Selon La Croix, Alerte souhaite désormais convaincre des parlementaires de tous bords, hormis du RN, afin qu’ils présentent une proposition de loi transpartisane le 22 novembre à l’occasion des 30 ans du collectif.