Oxfam France publie ce mardi 29 avril son premier index de féminisation du pouvoir afin d’apporter des réponses quant à la place des femmes au sein de la vie politique française, 80 ans après l’obtention du droit de vote pour ces dernières. La conclusion de l’ONG est sans appel : « le compte n’y est pas […], les femmes représentent moins d’un tiers des plus hautes sphères du pouvoir en France (28%), encore très loin de la parité et l’égal accès aux postes de pouvoir ». Pour obtenir ces chiffres, la branche française d’Oxfam s’est non seulement penchée sur la représentation des femmes au niveau des pouvoirs parlementaire, exécutif, et local, mais également à la tête des plus hautes juridictions françaises et des principaux partis du spectre politique. 

Du Parlement aux mandats locaux, une parité qui progresse mais encore loin d’être satisfaisante

Si Oxfam France retient une avancée non négligeable en termes de féminisation du pouvoir depuis le début des années 2000, avec la promulgation des lois favorisant l’atteinte de l’objectif de parité en politique, elle retient aujourd’hui une certaine stagnation, voire une régression dans certains domaines. L’exemple le plus criant demeurant la proportion de femmes en poste au gouvernement, où la parité stricte est quasiment toujours atteinte ces dernières années, notamment sous l’actuel gouvernement Bayrou, mais ne se retrouve pas dans l’exercice des postes régaliens, ceux comportant les plus hautes responsabilités. Dans l’effectif gouvernemental actuel, lesdits postes ont été confiés exclusivement à des hommes, alors que la proportion de femmes les exerçant oscille autour de 16% depuis 1997. Au plus haut sommet du gouvernement, seules deux femmes ont occupé le rôle de Premier ministre sous la Vème République, pour un total de 926 jours, soit 3,8% du temps depuis 1958 : Edith Cresson et Elisabeth Borne. 

Le constat retenu par l’ONG au sein du Parlement est encore moins réjouissant, malgré l’élection de Yael Braun-Pivet à la tête de l’Assemblée nationale en 2022. « La parité n’a jamais été atteinte au Parlement, pire, le taux de femmes députées a régressé aux dernières élections de juin 2024. Il a fallu attendre 2022 pour qu’une femme préside une des deux chambres, mais les taux de parité y sont toujours trop faibles : 36 % à l’Assemblée Nationale et 37,4 % au Sénat », peut-on lire dans le rapport. A l’échelle locale, si les femmes constituent 41,3% des élus, il faut toutefois noter que près de 80% des mandats de maire sont exercés par des hommes. Des chiffres similaires que l’on retrouve en ce qui concerne les présidences de départements (78,2% d’hommes) et de régions (69,6% d’hommes). 

Parmi les « autres pouvoirs» identifiés au sein de l’index, le domaine de la justice semble sortir du lot de par la féminisation importante de ses effectifs : en 2024, la proportion de femmes parmi les juges culmine à 70%. Malgré cela, les postes avec les plus hautes responsabilités sont majoritairement occupés par des hommes, une donnée cristallisée par l’absence totale de femmes à la tête des plus hautes institutions et juridictions françaises que constituent la Cour de cassation, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’Etat, la Cour de justice de la République et la Cour des comptes.