D’après lui, une loi en faveur de l’euthanasie mettrait à mal les piliers de la République que sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Dans un entretien à l’hebdomadaire La Vie, dont il est chroniqueur, Erwan Le Morhedec avance qu’une telle législation opprimerait les plus fragiles et porterait un coup au pacte social français.
Pourtant, 93% des Français, d’après certains sondages, y sont favorables. Erwan Le Morhedec concède qu’un loi dans ce sens est probable à court terme. “Les partisans de l’euthanasie expliquent que le consentement est primordial : si le patient consentait à être euthanasié et le médecin à l’euthanasier, la société n’aurait plus rien à y redire, explique l’avocat et essayiste. Mais c’est comme si nous congédiions la société hors de rapports sociaux devenus purement contractuels ! Pour moi, la société doit porter une valeur supérieure, même profondément laïque.”
“Cela m’interdit de renoncer à la dignité de l’autre”
Le vote d’une telle loi aurait, selon lui, des conséquences sur la pratique des soins palliatifs. “Une très grande majorité de praticiens refusent de pratiquer des euthanasies. On peut craindre des démissions en chaîne, mais aussi une perte d’attractivité, de savoir-faire, de créativité dans ces unités qui se battent pour soulager la souffrance des malades en fin de vie”, soutient-il.
D’ailleurs, l’insuffisance de moyens accordés aux soins palliatifs est liée à un manque de considération accordé à cette discipline, explique-t-il. “Les praticiens de soins palliatifs ont acté le fait qu’ils ne guériront plus. C’est une médecine humble, en retrait d’une forme de puissance médicale. Pour les décideurs politiques, on parle de personnes qui vont mourir”. Y-a-t’il alors “un gain quelconque à se consacrer à leur situation”, s’interroge-t-il. Et de préciser que le débat est occulté car la mort terrorise les gens.
Pour Erwan Le Morhedec, l’euthanasie est “un abandon d’humanité, du respect intégral de la personne jusqu’à la fin de sa vie.” “C’est nier la possibilité pour chacun d’aller au terme de ce qu’il a à être, à transmettre”, renchérit-il. Si la mort est déterminée par les déficits et la gestion comptable, dit-il, alors il s’agit d’une “société déshumanisée.” Refusant autant l’euthanasie que l’acharnement thérapeutique, il est partisan d’une troisième voie : celle de la prise en charge des personnes. “En tant que chrétien, je suis incité à chercher le Christ en tout autre, et jusque dans sa faiblesse ultime. Cela m’interdit de renoncer à la dignité de l’autre.”