C’est dans l’hémicycle du palais d’Iéna à Paris, siège du Conseil économique social et environnemental (Cese), que l’actuel ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est venu ouvrir une “nouvelle ère” de l’islam de France, rapporte Libération. Objectif, enterrer le Conseil français du culte musulman (CFCM) et donner naissance à son remplaçant, le Forum de l’islam de France (Forif), écrit le quotidien, une instance mise sur pied par l’exécutif qui vise à obtenir une représentation plus efficace de la deuxième religion du pays.  

“La représentation du culte musulman doit désormais tenir compte d’une réalité qui a changé. Bien plus de la moitié des musulmans de notre pays sont des Français nés en France, a lancé Gérald Darmanin dans son discours prononcé devant le Forif. Ils sont entrepreneurs, médecins, avocats, fonctionnaires, universitaires, scientifiques, chefs d’entreprise, ouvriers, juges. Certains fréquentent régulièrement les lieux de culte, d’autres épisodiquement. […] Notre conviction profonde est que l’islam de France ne doit concerner que la France et les musulmans français. Permettre le contraire, c’est accréditer l’idée que l’islam est une religion d’étrangers, pour des étrangers, financée par l’étranger. Permettre cela, c’est donner raison aux populistes.

Élections

Puis Gérald Darmanin a écouté les quatre groupes de travail qui, au début de l’année, avaient été mis en place par le gouvernement pour notamment aborder la formation des imams, le fonctionnement des aumôneries et l’adaptation des associations qui gèrent des lieux de cultes aux exigences de la loi sur le séparatisme. Pour le ministre, le CFCM a été paralysée “par une gouvernance bloquée” qui a empêché “les projets concrets d’avancer”, et l’influence exercée par des pays étrangers. Il a aussi rappelé : “Nous devons combattre sans ambiguïté en déclarant l’islamisme et le salafisme comme notre ennemi commun”. 

Décision majeure, selon Libé : l’annonce de la création d’un groupe de travail consacré au financement du culte qui s’annonce être une question épineuse. Durant cette première du Forif, la création d’une association nationale, prenant en charge les actes antimusulmans, a également été suggérée. Mais cette nouvelle instance fait l’objet de critiques pour son manque d’indépendance à l’égard de l’administration. Kamel Kabtane, recteur de la Grande mosquée de Lyon, a réclamé des élections : “Le Forif n’est pas la représentation des musulmans. Nous sommes dans un pays démocratique et cela doit s’appliquer aussi à l’islam”. 

Tandis que les femmes imams Eva Janadin et Anne-Sophie Monsinay, qui défendent l’imamat des femmes, n’ont pas été invitées, Kamel Kabtane a soutenu le jour-même, auprès de France Info, qu’il fallait que les femmes “soient partie prenante dans toutes les institutions religieuses. Ne disons pas aux musulmans de faire ce que les autres ne font pas”, citant la religion catholique où les femmes n’ont pas la possibilité d’être ordonnées prêtres.