Mercredi 2 décembre, l’ancien président de la République (1974-1981) s’est éteint dans sa maison familiale du Loir-et-Cher. 

Lors du culte d’action de grâce donné au temple de l’Étoile en hommage à Michel Rocard, au mois de juin 2016, Valéry Giscard d’Estaing, de toute son altitude, avait dominé l’assistance: un regard vif, une intelligence, de la branche.

A l’instant de son décès, bien entendu, c’est d’abord l’extrême vivacité de son esprit qui demeure. Et pourtant, cet homme élégant fut d’abord un acteur de l’Histoire. Engagé dans les ultimes combats de la guerre en se prétendant plus vieux qu’il n’était, le jeune homme que sa famille et ses amis surnommaient Valy fit montre d’un courage véritable.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, diplômé de l’École Polytechnique et de l’ENA – préférant celle-là plutôt que celle-ci parce qu’elle couronnait ses élèves de manière anonyme – Valéry Giscard d’Estaing reprit le flambeau parlementaire de son grand-père et rejoignit peu ou prou les libéraux-conservateurs dont Antoine Pinay faisait figure de chef. Mais, très vite, il sut porter la voix de la réforme et s’extirper d’un camp dont les racines risquaient d’entraver sa démarche.

En 1977, le journaliste Olivier Todd publia un livre dont le titre dit beaucoup: « La marelle de Giscard ». A bien des égards en effet, l’ancien ministre du général de Gaulle avait, durant les années soixante et soixante-dix, joué à saute-mouton sur les événements, personnage étonnant à qui tout paraissait réussir. De là cette impression de modernité, de mouvement permanent. Le mot de Raymond Aron, cependant, reflète l’impression négative que cette manière d’être engendrait: « Ce jeune homme ignore que l’Histoire est tragique. »

Mais la lecture de l’ouvrage d’Alain Peyrefitte « C’était de Gaulle » (Gallimard, 1952 p. 32 €) montre que Valéry Giscard d’Estaing, subtile et déterminé, avait su imposer son rythme et sa personnalité par un travail rigoureux, par une capacité d’initiative qui, malgré les gouffres qui séparaient les deux hommes, avait quand même impressionné le Général.

Autant le dire, l’homme qui vient de mourir n’était pas très proche du protestantisme. On ne saurait négliger cependant qu’il fut l’incarnation du libéralisme, dans le domaine économique, mais aussi, dans le domaine des mœurs. Même ses adversaires ont admis que son septennat, profondément marqué par les deux chocs pétroliers, avait permis de faire évoluer la société Française. A ce titre, il ne peut laisser de marbre les protestants de ce pays.