Pour la première fois un Premier ministre a osé dire aux Français la réalité du trou annuel dans le financement des retraites : plus de 60 milliards pour 380 dépensés, soit 15 % qui sont empruntés et donc laissés à charge des générations futures. 

Et pourtant un débat surréaliste continue autour des 64 ans, alors que tous les grands pays européens en sont à 67 et que les départs anticipés pour raisons de santé, de pénibilité du travail ou de maternité sont déjà prévus par la loi en vigueur. 

Ira-t-on jusqu’à lever le déni de réalité sur le temps de travail ? Sur la coexistence de citoyens qui ne s’en sortent pas en travaillant 70 heures par semaine avec ceux qui ont un statut d’emploi à vie, indépendant de leur efficacité, et qui cumulent les avantages ? 

On évoque les records français en matière de niveau d’impôts et de charges, faiblesse du niveau des élèves ou efficacité du système de santé. Mais on s’interdit d’en analyser les vraies causes. Il est hélas tellement plus confortable de blâmer le système et de se ranger derrière les slogans, plutôt que de regarder et nommer la réalité. 

En cette période d’interrogation sur les bienfaits et les dangers de l’intelligence artificielle, nom trompeur pour ce qui est la synthèse des connaissances humaines accumulées, on pourrait rêver d’un robot assis à la table des discussions qui, sur chaque sujet, interviendrait pour rappeler la réalité des faits. 

Il est vrai que l’organisation des sociétés humaines est devenue d’une immense complexité qui ne peut se décrire dans les limites d’un « post » sur X ou d’une chronique de « L’œil de Réforme ». Mais notre robot pourrait utilement citer à tout propos la phrase du général de Gaulle : «  il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités ».

Le point de vue de Xavier Moreno, dirigeant d’entreprise, pour « L’œil de Réforme »

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