En ce mardi 17 mai, journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, force est de constater que ces deux phénomènes persistent, hélas, vigoureusement au sein de la société française. La veille, le 16 mai, des chiffres alarmants étaient publiés par le ministère de l’Intérieur : les plaintes pour injures, menaces ou agressions envers les personnes LGBT+ ont doublé en cinq ans, rapporte France Info.
L’an passé, ce sont 2 170 crimes et délits contre les personnes lesbiennes, gays, bi et transgenres qui ont été recensés par les forces de l’ordre françaises. S’ajoute à cela 1620 contraventions, dont 90% pour injure ou diffamation. Au total, donc, il s’agit de 3790 atteintes “commises en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre”. À titre de comparaison, c’est 12% de plus qu’en 2019 et 28% de plus qu’en 2020, selon les chiffres.
Ces atteintes se déroulent, généralement, en milieu urbain. Près de 53% d’entre elles ont lieu dans des agglomérations de plus de 200 000 habitants. Et ce, même si “cette proportion a diminué au cours des deux dernières années”, précise Beauvau. Autres données, la moitié des crimes et délits à l’encontre des personnes LGBT+ ont lieu dans l’espace public. Et cela concerne en majorité des hommes (73%) qui sont âgés de moins de 30 ans (51%), note France Info.
Une “polarisation”
Dans son rapport annuel publié ce mardi 17 mai, SOS Homophobie déplore des “crachats”, l’augmentation des coups et blessures, voire des viols. L’association dénonce également une “recrudescence alarmante des cas en milieu scolaire (…), dans les commerces ou au sein de la police et de la justice”.
Pour Flora Bolter, de l’observatoire LGBT+ de la Fondation Jean Jaurès, ces chiffres ne représentent que “la partie émergée de l’iceberg”. En effet, d’après l’enquête “Cadre de vie et sécurité”, seules 20% des victimes portent plainte en cas d’agression ou de menace, et 5% en cas d’injure. Les raisons ? Ces personnes concernées culpabilisent, craignent de ne pas être bien accueillies par les forces de l’ordre, ou font face à une minimisation des faits qu’elles dénoncent, indique Lucile Jomat, la présidente de l’association SOS Homophobie, citée par France 24.
“Quand nous intervenons dans les établissements scolaires, nous rencontrons de plus en plus de jeunes très ouverts, mais aussi de personnes intolérantes : il y a une polarisation”, remarque-t-elle. Lucile Jomat estime que cette lutte nécessite “des moyens” dans le but de “faire avancer la société via des campagnes de sensibilisation et d’éducation”.