De la maison parentale à Hattmatt où il a décidé de s’installer avec son épouse pour veiller sur sa maman, il continue de suivre l’actualité de l’Éducation nationale et de s’interroger sur ce milieu.

Il a été « instituteur » comme on disait il n’y a pas si longtemps, directeur d’école et inspecteur en remplacement pendant trois années sur la région. « Je resterai instit’ dans mon cœur et dans ma tête. » Selon Jean-Pierre Schmitt, l’un des principaux problèmes est qu’il reste des germes de monarchie dans nos institutions et pas seulement au sein de l’Éducation nationale. Pour ce protestant de culture et de cœur, cela va à l’encontre de la conception horizontale du protestantisme où chaque personne a la même valeur. Dans ses nombreux engagements passés et présents, notamment ecclésiaux (il est membre des commissions musique et catéchèse de l’UEPAL), sa démarche reste « co-constructive ». « J’ai toujours revendiqué la responsabilité individuelle. Je trouve qu’à l’école, les enfants et leurs parents devraient être davantage acteurs de l’éducation. Au sein de notre Église aussi, parfois, on plaque des projets dans des paroisses sans avoir consulté les paroissiens. » Selon l’ancien enseignant, on apprend avec la tête mais aussi avec le cœur et avec les autres. L’entraide est également naturelle pour ce mari, père de trois enfants et grand-père deux fois, né de parents cultivateurs et qui a grandi à la ferme « où il était nécessaire de s’aider. »

Sa vie est aussi ponctuée par la musique. Elle aide selon lui à apprendre la rigueur tout en faisant parler son cœur. L’ancien enseignant dirige ainsi trois chorales, deux chorales paroissiales, celles de Zehnacker-Cosswiller (Les ZeCos) et celle de Wickersheim (une bonne vingtaine de choristes de Wickersheim, Zoebersdorf, Geiswiller et environs), ainsi que la chorale des Maîtres chanteurs d’Alsace Bossue. Il est également organiste depuis plus de quarante ans.

Famille d’accueil pour réfugiés

Sa foi, quant à elle, lui permet d’avancer avec « confiance » et de « croire en l’Homme. » Jean-Pierre Schmitt admire les grandes figures protestantes comme François Guizot, dont la loi de 1833 sur l’instruction primaire porte le nom, Ferdinand Buisson, cofondateur en 1898 de la Ligue des droits de l’Homme ou encore Michel Rocard. « De nombreux protestants ont fait la France », souligne-t-il. Avec son épouse Liliane, il accueille depuis trois ans deux jeunes réfugiés syriens chez lui par le biais de la Fédération de l’entraide protestante Grand Est. Anas et Agiad font aujourd’hui partie de la famille. Liliane et Jean-Pierre Schmitt les appellent d’ailleurs « les garçons » quand ils parlent d’eux. Une façon pour l’heureux retraité, passionné de photos et de jardinage, de contribuer aussi, à son échelle, à faire avancer la société de manière positive.