Vous ne l’ignorez certainement pas : l’industrie du textile est une des plus polluantes, et l’une de celle qui exploite le plus les ressources (eau, énergie, matières premières) et les êtres humains – pour une consommation qui plus est éphémère. Nous n’utilisons pas 18% de notre garde-robe, et pourtant nous achetons souvent de nouveaux vêtements pour nous faire plaisir. L’industrie du meuble ne vaut pas mieux, elle exploite le bois, consomme beaucoup de carburant dans le transport des matériaux comme des produits finis. Et dans nos intérieurs, les composés organiques volatiles, provenant notamment des colles des matériaux agglomérés modernes, polluent l’atmosphère et nos poumons.

Faut-il pour autant totalement arrêter de consommer, et vivre en ermite, dans un foyer réduit au strict minimum ? Peut-être, mais avant cela d’autres solutions existent, économiques, écologiques et solidaires : les ressourceries.

Récupérer pour insérer

L’idée ne date pas d’hier, car le grand ancêtre de nos ressourceries modernes, ce sont les chiffonniers d’Emmaüs, aujourd’hui regroupés dans le très organisé mouvement Emmaüs France. Mais l’idée de base reste la même : récupérer meubles, vêtements, jouets ou objets de décoration, les restaurer éventuellement (on dit « valoriser »), les vendre sûrement, au profit et avec des personnes en insertion professionnelle. Beaucoup de ressourceries fonctionnent sous la forme de chantier d’insertion. Cette vieille commode de votre grand-mère dont vous ne voulez plus ? Non seulement elle peut faire le bonheur de quelqu’un d’autre, mais elle peut générer du travail, en limitant le gâchis de la sur-consommation.
Et dans une ressourcerie, on trouve de tout : jouets, vêtements, sacs à main, livres en tous genres – du roman à la BD, lampes, petit électro-ménager, meubles…

Donateur, ou acheteur

Quand on pense ressourcerie, on s’imagine d’abord en donateur. A la faveur d’un déménagement, d’un appartement qu’on doit vider ou d’un changement quelconque, on y dépose nos objets qui ne nous plaisent plus ou qui nous encombrent. C’est déjà un geste écologique, puisqu’on participe à l’économie circulaire : ce qui a été fabriqué ne sera pas détruit mais va continuer à servir, sans surcoût (à part, peut-être, le transport pour aller à la ressourcerie). Et les dons, les ressourceries en ont beaucoup !

Mais une ressourcerie, c’est aussi un lieu d’achat, à petits prix. C’est même devenu très « hype » (à la mode) d’acheter vêtements ou sacs vintage ! On possède un objet que tout le monde n’aura pas, on se crée son style (ah, le retour du fluo des années 80 !), à petit budget. Autant vous dire que les jeunes en raffolent… Alors, on ne s’y promène pas comme à la Fnac ou chez Ikea, avec une idée bien précise. On y furette plutôt comme sur une brocante, à l’écoute d’une envie ou d’une bonne affaire. Les collectionneurs y font souvent de belles découvertes. La ressourcerie, c’est un peu une brocante permanente. Elle a une vocation locale, d’ailleurs il n’est pas rare que son implantation redynamise un quartier ou une zone commerciale. Pour en trouver une près de chez vous, interrogez votre mairie ou l’annuaire du réseau national des ressourceries (non exhaustif).

Les ressourceries, on en parle ce mardi 10 mars sur l’antenne de Fréquence protestante, dans Inspirations positives. J’aurai le plaisir de recevoir Yann Fradin, Directeur Général d’Espaces, association d’insertion professionnelle à l’origine de La p’tite boutique, ressourcerie à Chaville (92).
A écouter sur 100.7 FM ou en direct sur le web – et à ré-écouter en podcast dès après l’émission ici.
Mardi 10 mars de 18h à 18h30 : Les ressourceries, ces nouveaux lieux pour une autre consommation.