L’éthique de conviction voudrait qu’on vienne en aide de manière très volontariste aux migrants et réfugiés qui s’y entassent, suite à des guerres dont nos pays européens dodus et paisibles sont en partie à l’origine. L’éthique de responsabilité impose de prendre en compte les déséquilibres sociaux induits par cette sur-concentration de populations étrangères dans le dénuement.
Mais il y a des limites à la Realpolitik. En rasant au bulldozer une bonne partie de la jungle de Calais, refuge où s’étaient organisés, tant bien que mal, des êtres-humains déracinés, l’Etat n’outrepasse-t-il pas les principes qui fondent la République ? C’est indigne de la France. Les solutions de relogement proposées par le Ministère de l’intérieur, dans des conteneurs (sans mobilier en dehors du lit), évoquent plus la manière dont on traiterait du bétail, que des êtres-humains. Et elles ne résoudront rien, fragilisant encore plus des centaines de maheureuses et malheureux.
Au-delà des différences idéologiques qui pourraient, par ailleurs, me séparer de certains des signataires, je salue la clarté, le force et la justesse du texte qui a été publié aujourd’hui dans Le Monde à ce sujet. « L’Etat veut nous faire croire qu’il prend le parti des habitants contre les réfugiés ; en réalité, il monte les premiers contre les seconds en abandonnant les uns et les autres » y lit-on notamment. […]