Plus que par la simple apparition du christianisme, le tournant des premiers siècles de notre ère a pu être caractérisé par « la fin du sacrifice » (Guy Stroumsa, Odile Jacob, 2005), repérable également dans les développements philosophiques des polythéismes antiques, dans la mutation rabbinique du judaïsme, et plus généralement dans le remplacement du rituel par le livre, de la religion civique par la conversion individuelle.

Mais ne faudra-t-il pas se demander un jour prochain, tant du moins qu’il subsistera des hommes assez informés pour poser la question, par quelle perversion « la fin du sacrifice » – le sacrifice sanglant dans le brasier des autels – aura finalement conduit à enflammer la planète entière sur l’autel du « progrès » ?

Nous sommes, nous dit-on, des êtres humains enfin raisonnables et pragmatiques. Avec le règne « jupitérien » d’Emmanuel Macron, la France se verrait une bonne fois pour toutes « propulsée dans la modernité » quand tant de freins, entendez tant d’impératifs sociaux conquis de haute lutte, tant de conduites symboliques aussi, la maintenaient jusqu’ici arrimée à sa base de lancement. […]