Au sommet de Newport en 2014, les membres de l’OTAN s’engagèrent à porter leurs dépenses militaires à hauteur de 2% de leur PIB d’ici à 2025. Certains pays, dont l’Allemagne, ont tardé à atteindre cet objectif : Trump a intensifié la pression sur les Alliés par un chantage sur le fameux article 5 du traité de l’Atlantique Nord et il vient d’arracher au sommet de La Haye leur engagement de porter ces dépenses à 5% de leur PIB d’ici à 2032.

Le général que je suis devrait se réjouir d’une telle décision face à une Russie sur le pied de guerre ! Pourtant la France, dont les dépenses relatives à sa défense atteignent 2% de son PIB en 2024, est dans une situation complexe : pour atteindre ces 5%, il faut tripler notre budget défense pour passer de 60 à 150 milliards d’euros par an ! Cela impose de réorienter nos priorités budgétaires au détriment de secteurs comme la santé ou l’éducation, avec une pression accrue sur nos finances, déjà soumises à une dette publique élevée.

Quel sera le retour sur investissement d’une telle augmentation ? La France doit encourager une politique de défense européenne cohérente. Au lieu de voir chaque État suivre sa logique d’armement national, achetant hélas le plus souvent américain, il est urgent de coordonner les efforts au sein d’une défense commune, en créant des économies d’échelle et en évitant les habituelles compétitions industrielles.

La France doit trouver le juste compromis entre l’augmentation des dépenses militaires et la préservation de ses priorités sociales et économiques. L’exigence américaine des 5% du PIB crée un dilemme politique majeur qui dépasse les considérations financières pour toucher à l’autonomie stratégique de la France et à sa vision de l’Europe de demain.

Général de division (2s) Jean-Fred Berger pour « L’œil de Réforme »

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