Comment réagiraient les pères de la loi de 1905 face à nos débats d’aujourd’hui sur la laïcité ? Les Aristide Briand, les Émile Combes mais aussi les Ferdinand Buisson, les Francis de Pressensé et les autres protestants qui ont nourri cette loi, que nous a présentés l’historien Jean Baubérot-Vincent ? Cent vingt ans plus tard, ils verraient une autre France, où l’Église catholique ne dirige plus les consciences (ce qui ne devrait pas leur déplaire), une France très largement détachée de la religion aussi, qui érige la Laïcité en totem indépassable, voire en « religion civile », comme le suggère l’historienne Valentine Zuber. Et une France où l’islam est devenu la deuxième religion, représentant 7 % de la population (bien loin du « grand remplacement », quand même), selon une enquête de l’Ifop du 18 novembre.
Plusieurs signaux contradictoires émaillent cependant le paysage du XXIe siècle. D’abord, la nouvelle « religion civile » n’a pas vraiment réussi, puisqu’on se dit encore catholique, protestant, juif, mais aussi bouddhiste ou musulman dans ce pays. Ensuite, la sécularisation de tous n’empêche pas (ou suscite, comme le pense ci-contre le philosophe Philippe Gaudin) la montée d’un rigorisme religieux inquiétant chez certains musulmans (toujours dans l’enquête Ifop). Enfin, une étude montre aussi un rapport plus compréhensif aux signes religieux dans la conception que se font les jeunes […]
