Depuis décembre dernier, le « projet de loi confortant le respect des principes de la République » dans le cadre de la loi contre les séparatismes a provoqué des remous dans le monde chrétien. À l’origine, il a pour objectif de lutter contre les dérives communautaires religieuses. Mais quand on s’y penche, on voit qu’il limite beaucoup la liberté de culte : contrôle, contrainte, surveillance, intrusion dans le fonctionnement religieux… Cette situation est peut-être l’occasion de reconsidérer le principe de laïcité auquel la France est si attachée. Au fond, est-ce une liberté ?
Les origines de la laïcité
Il existe une idée reçue selon laquelle la laïcité s’est construite à l’encontre de la religion, comme si elle était là pour la contrôler. Pourtant, l’histoire nous apprend que la laïcité est un héritage chrétien. Le concept a été inventé au XVIIème siècle par un chrétien en Amérique, Roger Williams. Lors de la fondation de l’État de Rhode Island, le puritain parlait d’un « mur de séparation » entre l’Église et l’État, cette distinction étant essentielle dans la conception de la laïcité. C’est l’essence de la sécularisation. Même si la volonté de Williams n’était pas partagée par tous les chrétiens, il a aidé à ce que les choses évoluent dans le temps pour aboutir progressivement à une liberté pour toutes les religions, y compris l’absence de religion. L’idée d’un État laïque était inédite pour une région où la religion chrétienne était […]