Cinq ans durant, Christophe a cumulé deux mi-temps, avec les jonglages intellectuels et les trajets que cela impliquait. « Un piège » pour l’éducateur spécialisé. « Le temps s’est accéléré. J’avais l’impression de travailler 24 heures sur 24. J’étais en permanence sur le terrain, même les dimanches. L’humain vous aspire. Mais ça me semblait la normalité. » Jusqu’à ce jour de 2017 où l’homme pressé est stoppé net par le diagnostic de son cancer. « Après mon examen, je ne suis plus ressorti de l’hôpital. On passe dans un autre temps. » Aujourd’hui, le sexagénaire va de mieux en mieux et se sent « plus apaisé et plus serein ». « Il fallait peut-être que quelque chose m’arrête pour continuer et réfléchir à où j’en étais. » De sa convalescence, Christophe a fait une chance. Il marche, beaucoup. « De mes promenades, je conserve un instant pour moi, et je fais des photos. Je les regarde ensuite et j’y vois encore d’autres choses. Contempler cette beauté, que je ne voyais plus, me régénère. » Il a aussi appris à s’offrir le temps de la rencontre. « J’ai même appris à connaître et à respecter les choix de vie de personnes qui ‘dérangent’ parfois. » Cette nouvelle prise sur le temps a été « un choc politique » pour l’ex-hyperactif : « Cela a percuté ma vision de la société du travail. Je vivais dans un tourbillon, qui rendait impossible de voir les gens à côté, la nature, l’actualité telle qu’elle est… La maladie m’a appris que la vie, ce n’est pas ça. »