Gisèle Haan-Archipoff est maître de conférences en botanique et mycologie ; Annelise Lobstein est professeur de pharmacognosie (1). Elles décrivent les cycles biologiques des végétaux, s’émerveillant de la pérennité des espèces. « Une plante ne meurt pas », affirme la première, prenant pour exemple les rhizomes de framboisiers qui courent de jardin en jardin. Annelise Lobstein évoque certaines espèces de fougères reviviscentes ou encore la rose de Jéricho, dont les parties aériennes, comme mortes en période de sécheresse prolongée, reprennent vie et se déploient dès qu’elles captent un peu d’eau. De même, les orchidées épiphytes croissent sur les arbres, se contentant de peu d’éléments nutritifs malgré leur floraison abondante.
En ce qui concerne les plantes annuelles, les deux botanistes s’étonnent de l’ingéniosité de leurs « stratégies de survie ». Elles voient dans l’abondance et la diversité des formes et des couleurs des fleurs, des parfums, des nectars, des graines et des systèmes de leur dissémination, que « tout est pensé pour la survie du végétal ». Quant aux arbres, Gisèle Haan-Archipoff est intarissable pour évoquer leur « caractère immortel : un arbre peut vivre des milliers d’années ». Ce qui est aussi remarquable c’est leur capacité à former des « associations à bénéfice réciproque » avec d’autres espèces végétales, des champignons voire des insectes. Les arbres, les végétaux, communiquent entre eux grâce à des molécules chimiques. Des spécificités connues de certains jardiniers : l’œillet d’inde ou la capucine, plantés au potager, participent à la lutte contre les ravageurs tout en attirant les pollinisateurs.
« La vie et le potentiel sont toujours présents »
Qu’en est-il de la place de l’être humain dans cet équilibre ? « Il doit impérativement le maintenir, en particulier par une gestion raisonnée de la forêt ; l’avenir de l’humanité en dépend », selon Annelise Lobstein. Elle constate que « cet équilibre est rompu dès lors que l’homme intervient, notamment avec des produits phytosanitaires qui tuent les insectes, les utiles comme les nuisibles sans distinction ». Elle n’en reste pas moins convaincue que « la nature est toujours plus forte que toute catastrophe écologique » et cite l’exemple de la forêt du Rhin, « repartie après la tempête de 1999, même si ce sont d’autres espèces végétales, d’autres essences, qui ont colonisé la forêt dévastée ».
(1) Cette discipline étudie les matières premières naturelles qui servent de base à la fabrication des médicaments et autres produits de santé.