Les protestants français savent que le respect du droit est la condition de la liberté, de l’égalité et de l’équité. Acteurs historiques de l’établissement des droits civiques et politiques, nous avons contribué à faire primer l’État de droit sur l’invective et la vindicte.

Le chaos mondial, alimenté par des régimes autoritaires, doit nous alerter : certains responsables politiques cèdent à la tentation de s’arranger avec la règle pour des intérêts particuliers. Trump, Poutine, Milei et d’autres ont privatisé le droit pour briser le pacte social et maintenir par la force une cohésion factice au prix de la liberté et de l’équité.

Les protestants, héritiers d’une histoire de persécutions et acteurs de la démocratie française, doivent rappeler que le droit est un outil de résilience. L’extrême droite montante, allant jusqu’à comparer la Réforme à l’occupation nazie, montre combien droit et justice sont malmenés. Quand le président refuse de respecter l’esprit de la Constitution, quand le gouvernement fait peser l’effort budgétaire sur les classes moyennes et populaires tout en ménageant grandes entreprises et patrimoines sous prétexte d’un ruissellement inexistant, le pacte social se rompt. Le droit devient alors un instrument politique au service de quelques-uns.

Les extrêmes prospèrent sur ces entorses : chaque passe-droit nourrit leur projet de destruction de la démocratie. Ils exploitent autant les failles de notre système que les fausses informations en ligne. Il est temps de rappeler que le droit et l’équité ne sont pas à géométrie variable. Nous devons réintroduire morale, valeurs et intérêt général face à la violence du monde. Si certains défendent l’état de fait, nous devons défendre l’État de droit. De cette confrontation dépend l’avenir de notre pays et du monde.

Gabriel Richard-Molard, juriste, pour « L’œil de Réforme »

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