La ponctuation à l’ère du numérique est étonnante. En particulier lorsqu’il s’agit de terminer une phrase. De nos jours, à l’écrit numérique (c’est-à-dire par SMS, par messageries diverses voire par mails), finir sa phrase par un point n’est pas vraiment la norme, remarque Libération. Au contraire. C’est le point d’exclamation qui, peu à peu, l’a remplacé.

Le quotidien prend l’exemple d’une personne, avec qui l’on a rendez-vous, et qui est en retard. Si cette personne envoie par message “J’arrive.” (avec un point, donc), le point final peut être interprété de manière négative, comme le signe d’une quelconque froideur ou irritation. À l’inverse, si ladite personne écrit “J’arrive !” (avec un point d’exclamation), les interprétations d’humeur disparaissent ou sont assez moindres.

Paradoxe

Ce changement d’usage de la ponctuation révèle un curieux paradoxe. Car le point d’exclamation traduit a priori une intonation particulière. Le point, quant à lui, n’a qu’une finalité syntaxique dans le but de séparer des phrases, écrit Libération. Comment alors expliquer ce nouvel usage du point d’exclamation (Le Graal des jeunes, d’après Le Monde) au détriment du point ? L’écrit actuel, surtout l’écrit numérique, doit avoir l’air parlé. Un article du Point de 2015 citait une étude de l’université américaine de Binghamton auprès d’étudiants révélant que le point d’exclamation était perçu comme une marque de sincérité supérieure à l’absence de ponctuation. Répondre à une question avec un point était jugé, en revanche, moins sincère.

Avec les textos, il nous manque les indices sociaux normalement utilisés dans une discussion en face à face. Quand nous parlons, nous transmettons des informations émotionnelles et sociales avec le regard, l’expression faciale, le ton de la voix, les pauses, etc”, explique Celia Klin, la directrice de l’étude, citée par Le Point.