Que faisiez-vous le 7 janvier 2015 ? Il est dans la vie des collectivités quelques dates emblématiques. Et nous pouvons parier qu’à la semblance des attentats du onze septembre 2001, les attentats qui se sont déroulés du 7 au 9 janvier 2015 à Paris vous ont marqués – peut-être même de plus près qu’on le croie.

Depuis ce matin les hommages pleuvent, comme autrefois les balles. Ecrire en temps de paix quand surgit la guerre ou la barbarie, ce n’est pas si facile, surtout quand on fait partie de la deuxième génération n’ayant pas connu de guerre. Un écrivain salopard a résumé le problème : « on est puceau de l’horreur comme on l’est de la volupté ». Mais à Réforme comme dans toutes les rédactions de France, de Navarre et d’ailleurs, il nous a bien fallu concevoir un numéro, numéro d’hommage et de réflexion, de réaction face à l’événement. Nous avons travaillé dans la rapidité.

Cela s’imprime, au sens propre comme au figuré, cela reflète aussi notre misère, ici nous voulons dire la pauvreté de notre destinée. Que pèse un mot ? Que veut dire un hommage, dans le vif du drame ? Au journal, nous avons sollicité les responsables des Eglises, des analystes politiques, des acteurs de la vie culturelle. Chacun s’est activé, sollicitant des interlocuteurs, ouvrant son agenda comme son cœur.

En pareilles circonstances, un journal protestant tient-il un rôle spécifique ? Devant sa porte, il est essentiel de balayer : la fausse humilité fatigue autant que la vanité, trop de gens se mettent en scène et se donnent le beau rôle.

En un mot comme en cent, les journalistes de Réforme ont, ce jour-là, fait de leur mieux. Pas forcément ce qu’ils pouvaient donner de meilleur mais de leur mieux : trop long tel article, trop rapide ou succin tel témoignage, allez savoir… Il ne faut pas tous les jours se retourner sur le travail accompli dans le domaine de l’éphémère. Mais un texte paru dans ce numéro demeure à coup sûr : celui d’Antoine Nouis. Non parce que cet agile esprit, pasteur et théologien, publia l’éditorial en tant que directeur de la publication. Mais parce qu’il sut dire l’essentiel en quelques mots. Le trait face au monstre.

Balles tragiques à Paris, souvenons-nous.

L’édito vidéo du 8 janvier 2015 d’Antoine Nouis, alors directeur de l’hebdomadaire Réforme.