La Ve République a ses traditions, et, disons-le, ses quasi-liturgies. Outre l’élection présidentielle elle-même et l’investiture, que beaucoup de commentateurs nomment « l’intronisation » du président dans des mises en scène magistrales, le remaniement fait partie de nos feuilletons républicains. Il y a du suspense, des fausses pistes… Et des surprises… Une vraie série télévisée ! Contrairement à tous les autres pays européens, cela va vite, même si les négociations en interne et l’obligation de vérifications fiscales des futurs ministres font durer toujours un peu le suspense… Mais cela fait aussi partie du plaisir médiatique de nos chaînes d’info et de notre regard sur la politique : c’est une mise en scène. Et là, le protestant se lève : la politique, parce que notre conviction est que la politique est une chose infiniment déterminante pour le bonheur des êtres humains, n’est pas un film !
Allons donc un peu plus loin, par l’étymologie. Le mot « remaniement » est une itération du mot « maniement ». À la base il est donc question de « main », de maniement, qui peut devenir aussi « manipulation ». On accepte donc, et tous les responsables politiques le reconnaissent, que tout est « dans les mains » d’un homme (en l’occurrence) que nous avons démocratiquement élu. Certains affirment que sa décision est […]