Pour Jean Baubérot, une bonne connaissance de l’histoire est d’autant plus nécessaire que l’on «justifie des changements importants» aux principes de la laïcité définis par la loi de 1905 «en affirmant que nos problèmes actuels ne sont plus ceux des auteurs de la loi de séparation». En étudiant de près ce qui concerne la liberté de conscience et les quatre conceptions qui se sont opposées à ce propos lors des débats de l’époque, il montre qu’en voulant changer celle qui s’est imposée alors (l’égale liberté de conscience qui garantit à la fois la liberté d’avoir une religion et de ne pas en avoir) sous prétexte d’un «changement de contexte», on remet en question la «philosophie politique mettant l’État et la puissance publique hors de tout substantialisme intégraliste, religieux ou séculier».
Une définition sommaire de l’histoire la présente comme la science du passé. En fait, de façon un tantinet plus sophistiquée, on peut dire qu’elle est la science de la temporalité humaine. Mais notre rencontre n’est pas un colloque universitaire, et partir de l’évocation du passé me semble important pour souligner un paradoxe que rencontre l’historien et que vit chaque humain: le passé est, à la fois, mort et vivant.
Le passé est mort: il a été mais a disparu pour toujours. Et nous pouvons nous trouver saisis d’un certain vertige métaphysique si nous songeons qu’à chaque instant notre présent disparait en se transformant en passé. Mais un autre vertige métaphysique peut s’emparer de nous en prenant conscience que le passé constitue une réalité irréversible, qui aurait pu être différente mais que, désormais, il est impossible de changer, réalité multiforme qui a construit le présent et l’imprègne de toutes parts. D’innombrables couches de passé ont rendu le présent tel qu’il est. Ainsi, à ceux qui attribuaient la […]