Les grandes manœuvres ont commencé, à moins de 20 jours du premier tour des élections législatives anticipées. Si certaines négociations sont encore en cours, du côté de la gauche, d’autres ont d’ores et déjà abouti. Alors que la campagne pour le premier tour commencera lundi prochain, Jordan Bardella, chef de file désigné pour Matignon en cas de victoire, a annoncé “un accord entre le Rassemblement national et Les Républicains”, mardi 11 juin dans le JT de 20h de France 2. Il concerne “des dizaines” de députés LR qui seront “investis” ou “soutenus”.
Plus tôt dans la journée, Éric Ciotti, le président des Républicains depuis 2022, s’était déclaré favorable à une alliance avec le Rassemblement national. “Je souhaite que tous les députés républicains sortants, qui souhaitent ne pas avoir d’adversaire du RN, puissent ne pas avoir de concurrents« , avait-il annoncé. Une décision qui a provoqué une crise au sein de son parti. De nombreuses voix se sont d’ailleurs élevées pour réclamer sa démission. Il pourrait d’ailleurs être destitué de ses fonctions de président du parti mercredi 12 juin, à 15 h, à l’occasion du “bureau politique” du parti, a expliqué à BFMTV la sénatrice Agnès Evren. Le parti tente de trouver un moyen juridique d’y parvenir. Dimanche, au soir des élections européennes dont le RN est sorti grand vainqueur, le chef de file des LR avait écarté toute alliance avec la majorité présidentielle. “Il est hors de question d’entrer dans une coalition avec ce pouvoir, qui a tant abîmé la France”, avait-il écrit sur X (ex-Twitter), rappelle France Bleu.
La main tendue d’Édouard Philippe aux LR
Rapidement, des ténors du parti ont démissionné. C’est notamment le cas de Pierre Bédier, président du département des Yvelines, de Georges Siffredi, président des Hauts-de-Seine et Sophie Primas, vice-présidente du Sénat, liste Les Échos. “La déclaration unilatérale d’Éric Ciotti est inadmissible sur le fond et la forme (…) Pour moi, le combat contre l’extrême droite est une ligne rouge. Je réclame depuis longtemps sans succès un profond renouvellement du parti LR. Je tire toutes les conséquences en quittant le parti”, a déclaré cette dernière.
De son côté, Édouard Philippe, ancien Premier ministre, “tend la main” aux LR opposés à l’alliance avec le RN. Sur RTL, il a également expliqué vouloir construire “une nouvelle majorité” ce mardi sur RTL. Le maire du Havre a appelé tous les “Macron-compatibles” à être ouverts au dialogue. Sur BFMTV, il a ajouté : “Il est assez évident que tous ceux qui veulent me rejoindre sont les bienvenus”, insistant sur le fait que la “nouvelle majorité” ne doit pas être “la reproduction de l’architecture de la majorité telle qu’elle a été conçue en 2022”.
Un nouveau “Front populaire”
Toujours à droite, Reconquête ! a tenté un rapprochement avec le RN. Mais Marion Maréchal a finalement annoncé mardi qu’il n’y a pas d’alliance. “Jordan Bardella m’a informée cet après-midi d’un changement de position et du refus du RN du principe même d’un accord”, a expliqué la tête de liste Reconquête aux européennes, dans un communiqué. Elle a précisé : “Le regrettable argument qui m’a été avancé étant qu’ils ne souhaitaient aucune association directe ou indirecte avec Éric Zemmour”. La nièce de Marine Le Pen avait commencé à démarcher les cadres du RN et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) dès lundi, indique France Bleu.
À gauche, le Front populaire s’élargit et les négociations sont encore en cours. Du NPA de Philippe Poutou au PS de Carole Delga, l’union de la gauche est de plus en plus large. Face au risque d’une victoire de la droite après l’alliance du RN et d’une partie des députés LR, de plus en plus de personnalités et organisations de gauche plaident pour le rassemblement lancé par François Ruffin, député LFI de la Somme, dimanche soir, rapporte BFMTV. Sur X, ce dernier a revendiqué mardi soir 400 000 signataires sur la plateforme lancée la veille. “Les partis ont signé un accord de principe, c’est une victoire ! Les négociations avancent sur les mesures, sur les circonscriptions. Ça va le faire, mais le temps presse. Chaque jour compte désormais. Continuez à pousser, pousser !”, a-t-il encouragé.
“Un front Républicain”
Plus au centre de l’échiquier politique, six ministres issus de la droite militent en faveur d’un “front républicain”. “Plus que jamais, nous croyons qu’entre le Front populaire de la France Insoumise et le Front national de l’extrême droite, il existe une voie pour un front républicain”, ont écrit dans une tribune publiée dans Le Figaro, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Rachida Dati, Sébastien Lecornu, Catherine Vautrin et Christophe Béchu. “Entre la chienlit et la démagogie, nous choisissons le chemin de la République”, ont-ils encore écrit.