Le président de la République était de retour devant les caméras mercredi 12 juin, trois jours à peine après avoir annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale à la suite de la victoire écrasante du Rassemblement national (RN) aux élections européennes. Depuis le pavillon Cambon Capucines, à Paris, Emmanuel Macron a appelé les partis “républicains” à s’allier au camp présidentiel. “Nous sommes prêts à intégrer des propositions de sociaux-démocrates”, de responsables de la “droite gaulliste” et “d’écologistes”, a-t-il affirmé. Selon lui, des élections législatives anticipées sont une “épreuve de vérité entre ceux qui choisissent de faire prospérer leur boutique et ceux qui veulent faire prospérer la France”. Ainsi, la dissolution “permet seule la clarification des choses”. Le chef de l’État a également mis dos à dos le RN et La France insoumise (LFI). 

L’appel à l’union “contre les extrêmes”

Pour Emmanuel Macron LFI et le RN, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Le président de la République a pointé du doigt l’alliance entre le RN et Éric Ciotti, le président des Républicains. Il a également reproché à LFI d’être à l’origine d’un “désordre parfois constant” et “inquiétant” dans l’Hémicycle. Il a aussi accusé “l’extrême gauche” d’“antisémitisme” et d’“antiparlementarisme”. “Les masques tombent”, a déclaré le chef de l’État, “la bataille des valeurs éclate au grand jour”. Dans ce climat, il a aussi dit espérer “avant ou après” les législatives le rassemblement de ceux qui auront “su dire non aux extrêmes”.

Une “autorité républicaine”

Lors de sa prise de parole, le président de la République a promis une “autorité républicaine à tous les étages”, ainsi que le “renforcement d’un axe régalien”, respectueux des “valeurs” républicaines. S’engageant à “plus de fermeté, dans le cadre de la République et de ses valeurs”, il a estimé que “c’est aussi cela qui nous oppose (…) aux deux extrêmes”. “Ce qui est proposé aujourd’hui par l’extrême gauche, c’est une réponse par le communautarisme et le laxisme”, a-t-il jugé. “Ce qui est proposé par l’extrême droite et ceux qui s’y allient, c’est une réponse à l’insécurité par la sortie de la République, de ses valeurs, de son socle même”, a poursuivi Emmanuel Macron.

Un “grand débat sur la laïcité”

Il a ensuite indiqué vouloir “ouvrir un grand débat sur la laïcité”, avant d’ajouter que “la République doit respecter tous ceux qui croient et toutes les religions. Comme tous ceux qui ne croient pas ». Emmanuel Macron a aussi dit le “sentiment que la laïcité n’est parfois pas bien appliquée, que nous ne sommes pas au clair. Nous devons, comme le président Chirac l’avait fait d’ailleurs il y a vingt ans, rouvrir un grand travail”. Le chef de l’État a souligné : “La protection de nos valeurs républicaines se joue aussi sur le temps long, en fabriquant, en éduquant des républicains, citoyens et citoyennes libres”. Aussi, il souhaite “recréer des rites républicains”, comme la généralisation du Service national universel “d’ici la rentrée 2026”. “Ça passe par aussi une intégration de tous. Et là-dessus, nous devons renforcer la lutte contre les discriminations”, a constaté le chef de l’État.

Interdiction des réseaux sociaux “avant 15 ans”

Le Président s’est également prononcé pour l’interdiction du téléphone “avant 11 ans” et des réseaux sociaux “avant 15 ans”, après lecture du rapport réalisé par une commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans. Il faudra “procéder à une vraie révolution de l’action publique des 1 000 premiers jours jusqu’à 20 ans”, a-t-il affirmé. Autre promesse : celle de “rebâtir l’aide à l’enfance”, de “prévenir les inégalités de départ”. Emmanuel Macron entend aussi “redonner le pouvoir aux professeurs, plus de libertés pédagogiques” et développer “la formation des enseignants”.

Vers la suppression d’“un échelon territorial”

Avec la perspective d’une amélioration du “quotidien” des Français, Emmanuel envisage de “supprimer un échelon territorial”. Il n’a cependant pas précisé lequel. “Il nous faut déconcentrer beaucoup plus rapidement (…) pour ramener plus de simplicité et de liberté sur les territoires, rouvrir la question de ces grandes régions qui ont éloigné la décision et redonner la liberté de choix sur le terrain à nos compatriotes s’ils veulent revenir sur ce sujet”, a-t-il développé.

Des retraites “indexées sur l’inflation”

Le Président s’est également engagé à ce que les retraites restent “bien indexées sur l’inflation”, alors que, selon lui, le RN a un “agenda caché” sur ce sujet. “Le pouvoir d’achat des retraités, ce n’est pas une variable d’ajustement”, a martelé Emmanuel Macron. Puis, il a accusé “les blocs d’extrême gauche” et “d’extrême droite” de travailler à la mise “en banqueroute” du système de retraite en proposant de revenir sur la réforme de 2023.

Suspension de la réforme électorale en Nouvelle-Calédonie 

Le Président s’est dit prêt à “suspendre” le projet de loi constitutionnelle modifiant le corps électoral de Nouvelle-Calédonie. Celui-ci est à l’origine des émeutes sur place. Une pause permettrait de “donner toute sa force au dialogue sur place et au retour à l’ordre”. La loi adoptée par l’Assemblée nationale et le Sénat, devait encore être entérinée par le Congrès. Hors, Emmanuel Macron ne peut pas convoquer de Congrès avant le renouvellement des 577 députés.

Les rapports ambigus du RN et LFI avec la Russie

Le chef de l’État a également profité de sa prise de parole pour accuser le RN d’entretenir une “ambiguïté à l’égard de la Russie”. Il a ensuite fustigé “la sortie de l’Otan” voulue par l’extrême droite. En mars dernier, Jordan Bardella, le président du RN avait toutefois expliqué ne pas vouloir sortir de l’Alliance “en période de guerre”. LFI n’a pas été épargnée. Le Président a affirmé qu’elle voulait “aider la Russie”.

Huit nouveaux réacteurs nucléaires

Emmanuel Macron a également confirmé vouloir construire « huit nouveaux réacteurs nucléaires » EPR2, en plus des six projets annoncés en 2022.

Pourquoi il ne débattra pas avec Marine Le Pen ?

Le président de la République ne fera pas la campagne de la majorité avant les législatives, contrairement à Gabriel Attal, le Premier ministre. Emmanuel Macron ne débattra pas non plus avec Marine Le Pen. “J’ai fait cette offre de clarification avant les européennes parce qu’elle l’avait soumise. Elle ne s’est pas rendue au rendez-vous”. Mais même sans cela, pendant la campagne des élections européennes, il avait été accusé d’avoir été omniprésent. “Le président de la République doit donner un cap, une vision. Il n’est pas là pour faire campagne aux législatives”, a déclaré le chef de l’État.