Pouvez-vous nous présenter la IACAC (Association internationale des aumôniers de l’aviation civile) ?

Pierre de Mareuil : L’association a été fondée en 1967 par les aumôniers de Bruxelles et Paris. Elle rassemble des aumôniers d’aéroports du monde entier de toutes confessions religieuses. Ces aumôniers se rendent disponibles auprès des personnes qui utilisent les aéroports ou y travaillent. L’association favorise le partage d’expérience entre aumôniers et assure une formation permanente, notamment par l’organisation d’un congrès annuel.

Le prochain congrès se passe donc à Paris ?

P. de M. : Le 49e Congrès de la IACAC a pour thème : Carrefours d’humanité, de cultures et de religions, les aéroports peuvent-ils être des laboratoires pour le monde contemporain ? Il est organisé du 23 au 28 août par les aumôniers des aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle, Paris-Orly et Paris-Le Bourget avec le soutien du Groupe ADP. La semaine sera marquée par une intervention des responsables du service de gestion de crise de la compagnie Air France et la conférence de Mgr Dubost, chargé des relations interreligieuses à la Conférence des évêques de l’Église catholique en France. On peut noter la soirée ouverte à tous dans les salons de l’Hôtel de Ville de Paris le 24 août. Augustin de Romanet, PDG du Groupe ADP (anciennement Aéroports de Paris) et président de l’ACI Europe, y donnera une conférence sur le thème du Congrès, suivie d’une table ronde avec des autorités religieuses et des aumôniers d’aéroports.

Quel en est l’enjeu ?

P. de M. : L’actualité internationale a mis, ces dernières années, le fait religieux sur le devant de la scène. L’Irak, la Syrie, le Nigéria, le Mali, le Yémen, la Tunisie, la Côte d’Ivoire et bien d’autres lieux encore, dont bien sûr Bruxelles et Paris, ont été le triste théâtre d’attentats terroristes qui ont interpellé le monde entier. Cependant, le fait religieux ne doit pas se limiter à des commentaires sur des faits dramatiques. Le dialogue entre les confessions religieuses se développe aussi et devient un élément essentiel du « vivre ensemble ». Comme aumônier, je suis appelé à connaître des interlocuteurs chez les mormons et les témoins de Jéhovah pour faire appel à eux éventuellement. Les aumôniers accompagnent des personnes aux chemins spirituels de plus en plus divers. Or, on ne peut pas avoir un aumônier de chaque religion. Même si le développement du trafic aidant, l’accueil des hindous dans les espaces de prières, par exemple, se pose.

Dans un pays laïc comme la France comment cela se passe-t-il ?

P. de M. : Il arrive que suite aux annonces des célébrations dans l’aéroport, des remarques aient été faites. Mais il s’agit moins d’une laïcité dépendant de la loi de 1905 que d’une réponse à la demande des usagers. Le Groupe ADP est un des rares au monde à autant soutenir les aumôneries. Il finance les locaux, le matériel et le personnel. D’ailleurs, un nouvel espace de prière sera ouvert dans le terminal 2E cet été. Cela participe, certes modestement, à la notation des aéroports : au quotidien et en cas de crise (attentats, accidents… mais aussi avions cloués au sol, suite à des conditions météorologiques exceptionnelles), les aumôniers aident à la prise en charge des passagers. Cependant, même dans les pays anglo-saxons, l’engagement n’est pas toujours aussi important. Dans le soutien de l’aumônerie, dans l’accueil de la IACAC comme en matière interreligieuse, Paris donne le ton.