Septembre 2019 : lors de la plénière de clôture du Congrès Mission, le grand rassemblement catholique sur l’évangélisation, l’assemblée entonne joyeusement le célèbre cantique de Matt Redman « Béni soit ton nom ». Puis d’enchaîner avec « Christ est ma joie » du groupe Impact, au rythme de la batterie et de la guitare électrique. L’odeur d’encens et la procession avec les reliques de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus rappellent néanmoins qu’il ne s’agit pas d’un culte évangélique mais bel et bien d’une messe… Ce phénomène est documenté et porte même un nom alambiqué. Le sociologue des religions Jean-Paul Willaime parle ainsi d’« évangélicalisation » pour décrire ce jeu d’influence. « C’est une tendance qui est même plus large. Les luthéro-réformés sont aussi concernés », précise Valérie Aubourg, auteure d’un ouvrage sur le sujet au sous-titre évocateur : Réveil catholique, emprunts évangéliques au sein du catholicisme (éd. Labor et Fides).
La professeure d’anthropologie-ethnologie à l’Université catholique de Lyon date l’apparition de cette tendance au début des années 2000. «C’est à cette époque que des groupes et paroisses non affiliés au renouveau charismatique ont commencé à reprendre des […]