La réforme du lycée qui prend encore plus forme à l’occasion de cette rentrée 2019 a été présentée comme faisant suite à une concertation par le ministre Jean-Michel Blanquer, mais elle est fortement discutée par les enseignants. Ces derniers, après deux ans de tentatives de dialogue pour protéger la qualité de l’enseignement, ont été obligés de menacer et de perturber les épreuves du baccalauréat de juin 2019 afin d’essayer d’être entendus et d’alerter l’opinion publique sur cette énième réforme des lycées.
Au protestant que je suis, il manque un esprit de dispute constructive dans cette mise en place d’un nouveau projet. J’ai toujours du mal à comprendre qu’une réforme puisse se faire sans bilan avec les acteurs de terrain et sans dialogue constructif avec les bénéficiaires que sont les adolescents. Une réforme sans le jeu de la dispute qui permet de trancher, d’assouplir ou de renforcer l’orientation de la réforme est finalement dangereuse pour tout le monde.
Ne pas tout spécialiser
Pourquoi supprimer la troisième langue, notamment pour des élèves qui se destinent à des classes européennes ? Comment choisir son orientation, en abandonnant des matières comme les mathématiques, alors que l’orientation professionnelle future est encore loin d’être au clair quand vous êtes en seconde ? Ce choix anticipé, qui ne maintient plus un enseignement généraliste, tout en se spécialisant partiellement en première me paraît dangereux, d’autant que les critères d’admissibilité post-bac dans certaines formations demeurent relativement f lous. Fermer des orientations, limiter l’accès à des enseignements supérieurs en spécialisant de plus en plus tôt l’orientation et en minimisant les futures passerelles possibles résidant dans un enseignement dit généraliste me paraît être une bien mauvaise voie pour des jeunes qui se cherchent.
Mon regard, extérieur à l’Éducation nationale, me fait alors me poser la question de savoir si cette nouvelle réforme des lycées n’est pas simplement un prétexte pour des coupes budgétaires simplifiées par des suppressions progressives de postes, suite à cette réforme et au non-renouvellement de postes d’enseignants. Personnellement, je ne perçois pas la vision renouvelée et ambitieuse qui conduirait à un enseignement de qualité. Je crains même que ce qui est mis en place à cette rentrée ne soit au service au final de la régression et de la déviation négative. J’aimerais me tromper…
DES RÉFORMES ANNONCÉES
Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, fera en 2019 sa troisième rentrée scolaire. Il lance des réformes importantes annoncées dans trois livres programmatiques : L’École de la vie (2014), L’École de demain (2016) et L’École de la confiance (2018). À la suite de ces annonces, les syndicats enseignants ont appelé à la grève.