Mardi 23 mai, une infirmière est décédée à la suite d’une agression au couteau à l’hôpital de Reims. Ce même jour, triste coïncidence, le conseil national de l’Ordre des médecins a publié un rapport de l’Observatoire de la sécurité des médecins. Il montre une forte hausse des agressions à l’encontre des médecins et le nombre de faits dépasse, pour la première fois, le seuil de 1 200.
Selon ce recensement, les tensions durant les consultations ne sont plus de l’ordre de l’exception, rapporte Le Monde. Des menaces, des injures et des coups sont répertoriés sur l’année 2022, au nombre de 1 244 agressions. Actuellement, 120 000 médecins libéraux sont en exercice en France et 60 000 sont des praticiens hospitaliers. La proportion des médecins victimes d’une agression est donc faible, mais la hausse a de quoi interpeller : en 2003, à la création de l’Observatoire de la sécurité des médecins, 638 faits étaient recensés.
Un « déferlement de coups de poing »
Sur l’ensemble des signalements, 71 % des victimes sont des médecins généralistes. Ouest-France a établi un graphique à partir des faits recensés et observe que les généralistes sont pourtant minoritaires au sein du corps médical (43 % de généralistes et 57 % de spécialistes).
Ils sont davantage visés, car ils constituent des « portes d’entrée pour les patients » selon Jean-Jacques Avrane, délégué de l’Observatoire de la sécurité des médecins. « Ils reçoivent davantage de monde dans leur cabinet – que leurs confrères – et sont davantage confrontés aux violences », poursuit-il.
Sur BFMTV, Sébastien Chopin, médecin généraliste et président de SOS médecin à Brie-Melun-Sénart-Fontainebleau, explique comment il a été violemment agressé en octobre 2022. L’agression s’est produite à la fin d’une journée de consultations de soins non-programmés, avec de nombreux patients. La patiente, arrivée vers 18 h 30, a demandé la prise en charge immédiate de son enfant. Le médecin a estimé qu’il ne s’agissait pas d’une urgence, et suite à des échanges houleux, il a reçu un « déferlement de coups de poing au visage ».
Une demande de prise en charge toujours plus rapide
Les agressions physiques, comme celle subie par Sébastien Chopin, sont bien plus rares que les agressions verbales recensées. Mais les motifs sont semblables : un tiers découlent d’un « reproche » relatif à la prise en charge. Un sur cinq vient d’un refus de prescription de médicament ou d’arrêt de travail. Un sur dix, d’un temps d’attente jugé excessif.
Sophie Bauer, présidente du syndicat des médecins libéraux, estime que les médecins « sont associés dans l’imaginaire collectif à des nantis, à une élite, voire à des représentants de l’autorité », selon ses propos rapportés par Le Monde. Elle explique que certaines agressions sont liées à cette vision péjorative du médecin, tandis que d’autres résultent de tensions dans l’offre de soins. Ces incidents découlent aussi, selon elle, d’une « évolution de la société allant vers une demande de prise en charge toujours plus rapide ».
Le Gouvernement assure s’être saisi de l’enjeu et a lancé, à l’automne 2022, une concertation sur la sécurité des soignants. Les travaux devraient être finalisés à la fin du mois de mai.