Tandis que certains se morfondent sous la couette ou ont banni le mot de leur vocabulaire, d’autres en ont pris leur parti. Parfois, ils choisissent de vivre ce moment en solo. C’est le cas de Bernard, 71 ans, d’Illkirch-Graffenstaden, divorcé, père de deux enfants, grand-père de cinq petits-enfants, qui vit seul depuis 20 ans. « Mes enfants ont préféré fêter Noël chez leur mère, puis, plus grands, ne m’ont pas beaucoup invité chez eux. » Il est bien allé chez son frère mais « c’était trop la fête avec les copains. Pour moi, Noël, c’est la famille, prier et aller à la messe de minuit. » Il a alors préféré se rapprocher de ce qu’il vivait enfant chez ses parents. Et rester seul. « La première année a été difficile puis je m’y suis fait. J’allume une chaîne de la télévision allemande avec un vrai contenu de Noël puis je vais à la messe et chante dans la chorale qui est ma petite famille. Je pense ainsi vivre davantage Noël que d’autres. »

Bousculer les traditions

Non loin de là, Jeanne, 75 ans, fêtera Noël chez elle, à Strasbourg. Célibataire sans enfants, cette protestante n’a pas la nostalgie du Réveillon en famille. Pourtant, cela a toujours été important de ne pas rester autocentrée. « A Noël, mes parents avaient le souci d’inviter une personne au-delà du cercle familial et lorsque j’étais Eclaireuse, on allait chanter chez une personne seule. Tant que j’ai pu, je me suis engagée dans les soirées de Noël de l’Armée du salut. » Quand elle était infirmière à domicile, Jeanne aimait faire les visites lors du 24 ou du 25. La septuagénaire conserve la tradition de la couronne de l’Avent, de la crèche et du culte mais cela ne la gêne pas de bousculer les pratiques : « Je n’ai plus envie de sortir le 24 au soir et je fête Noël avec mes frères deux ou trois jours plus tard. »

Mathilde, 34 ans, originaire d’Illzach, est séparée et maman d’une petite fille de 5 ans et demi. « Je me suis retrouvée sans ma fille à Noël à plusieurs reprises. D’un côté j’étais heureuse pour elle car elle passait du temps avec sa famille de Bretagne ; de l’autre, je ne me voyais pas passer Noël toute seule chez moi, ça a un côté vraiment déprimant. » Mathilde s’estime heureuse et très reconnaissante d’avoir été invitée spontanément par une collègue et des amis : « Je me suis retrouvée au milieu d’une smala d’une trentaine de personnes et même si je pensais à ma fille, j’étais contente d’être entourée. »