On assiste depuis quelques semaines à un affolement de la sphère médiatique. L’Arcom, gendarme de l’audiovisuel, est mis en cause, les médias du service public sont vilipendés, les méthodes de CNews et compagnie sont dénoncées, et on peut tirer trois leçons de ce tourbillon.
Premièrement, il y a certainement, c’est vrai, de quoi balayer devant sa porte pour chacun : le recours aux mêmes « experts » choisis, c’est naturel, parce qu’ils sont de bons clients et correspondent à la sensibilité du média. Mais pour débattre, il est préférable de ne pas être toujours d’accord sur tout. Inviter les intervenants qui n’ont pas forcément leur rond de serviette sur le plateau favorise la controverse.
Deuxièmement, qu’un organe de presse ait une manière de voir le monde et d’en rendre compte est dans l’ordre. Que les médias soient dans des tours d’ivoire idéologiques porte atteinte à la démocratie. Les tensions du monde médiatique à l’approche des échéances électorales laissent de quoi s’inquiéter, et ce d’autant plus quand des médias nationaux généralisent des commentaires quelque peu déconnectés de l’échelon local. Les élections municipales ne devraient pas se jouer dans les studios télé mais dans les « territoires », au sens noble du terme.
Enfin, les turbulences des médias doivent inviter les (télé)spectateurs à la vigilance : tout ce qui est dit à la télé n’est pas parole d’évangile. L’éducation aux médias est un sujet récurrent qui ne doit pas se résumer à la Semaine de la presse dans les établissements scolaires. Et si on rappelait la définition première, inscrite dans l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme » ?
Christophe Henning, journaliste, pour « L’œil de Réforme »
