Carolina, votre travail connaît un très grand succès sur internet ; pourtant, vous êtes victime d’expressions de haine en ligne. Pouvez-vous nous dire comment ? Qu’avez-vous ressenti ?
Il est vrai que j’ai choisi de m’exposer sur la tribune publique qu’est le web, tout comme je le fais chaque fois que je vais prêcher dans un temple ou donner une conférence. La grande différence c’est que face à un public physique, personne n’oserait soudain se lever pour me dire « tu ne peux pas prêcher parce que tu es une femme » ou « tu es une abomination ». Mais, sur le web, l’écran ôte ce respect ou cette pudeur et parfois pour le pire. J’ai ressenti à la fois de la peur, de la tristesse et de la colère lorsque j’ai été attaquée. Car ces personnes profèrent des menaces et en même temps elles révèlent une profonde ignorance qu’il serait urgent de pouvoir combler à mon sens, car elle fait du mal à tant de personnes.
J’ai été frappée par une phrase que vous avez écrite : « Plus l’amour est grand, infini, inclusif… plus le mal s’agrandit autour », le mal comme expression de la jalousie et de la volonté de faire taire ? Pourquoi ?
Je ne sais pas, c’est un mystère. La seule chose que je peux faire c’est regarder vers mon maître, le Christ, et observer dans les évangiles que c’est bel et bien ce qui se produit lorsqu’on aime beaucoup et qu’on pratique cet amour radical. Nous porterons notre croix à la suite de Jésus. Je n’aimais pas ces versets lorsque j’étais plus jeune, mais, avec le temps, force est de constater que c’est une vérité. Plus la lumière est forte, plus les ténèbres qui l’entourent le sont aussi. Plus vous pratiquerez l’amour agapè, plus vous serez attaqués, moqués, calomniés…
Comment garantir aujourd’hui le respect de la liberté d’expression ? Faut-il punir ou ignorer ceux qui la bafouent ?
Je crois que la justice doit impérative-ment mettre son nez de toute urgence dans ces affaires et les traiter sur un plan pénal. Lorsque des menaces, des insultes, des propos racistes, homo- ou transphobes sont proférés sur le web, la justice doit être faite, car elles ne sont pas moins réelles que dans la rue.
En quoi votre foi en Christ vous aide-t-elle à surmonter ces « désagréments » pour continuer à témoigner de l’Évangile ?
Dans ces moments où l’obscurité se fait forte, je crois qu’il faut une foi solidement ancrée en Dieu et en son amour pour continuer, et un cercle d’empathie très fort autour de soi. Des proches qui vous rappellent la belle personne que vous êtes, qui vous encouragent et qui vous aiment pour qui vous êtes. Et une pratique quotidienne de la prière pour rester en lien avec Dieu et son énergie d’amour. Car, le risque est grand de basculer de l’autre côté si je puis dire. L’apôtre Paul l’écrit « L’amour est persévérant » (1 Corinthiens 13.4). Avec le Christ, je trouve la force de persévérer, car nous sommes nombreux à œuvrer partout sur la terre dans une communion invisible.