Depuis la parution du livre-enquête “Les Fossoyeurs”, qui met au jour les conditions d’accueil dans les EHPAD du groupe Orpea, l’entreprise est dans la tourmente. Mardi 1er février, la ministre chargée de l’autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, qui doit recevoir le même jour la direction d’Orpea, a dit attendre des explications face à des accusations d’une “gravité exceptionnelle”, note Le Monde. Au micro de France Inter, elle a précisé que le gouvernement va lancer une enquête administrative et une enquête financière.
“C’est tout le groupe que nous allons interroger. Et nous lançons une enquête IGAS (Inspection générale des affaires sociales) et une enquête financière, de l’IGF (Inspection générale des finances). Et toutes les ARS (agences régionales de santé) iront voir tous les établissements de ce groupe”, a-t-elle déclaré. “Sur les trois semaines qui suivront j’aurai des annonces à vous faire sur les contrôles, sur la transparence et sur les groupes privés (…) qui représentent 20 % de l’offre, on va leur redonner le sens de leur mission première, le sens de leur entreprise qui n’est pas qu’une entreprise lucrative : les personnes âgées, ce ne sont pas un produit commercial, elles ont droit au respect et à la dignité jusqu’au bout”, a ajouté la ministre.
“Mise en danger délibérée de la vie d’autrui”
Elle doit d’ailleurs recevoir ce mardi 1er février le directeur général pour la France, Jean-Christophe Romersi, et le nouveau PDG, Philippe Charrier. Quelques jours plus tôt, Orpea limogeait son patron, à la tête du groupe depuis dix ans, pour tenter d’atténuer l’onde de choc. “Le conseil d’administration du groupe Orpea, réuni le 30 janvier 2022, a décidé de mettre fin aux fonctions de directeur général de M. Yves Le Masne”, annonçait Orpea dans un communiqué, cité par Les Échos.
“Il faut taper fort pour bien montrer que l’on ne fait pas n’importe quoi dans ce pays”, a par ailleurs insisté Brigitte Bourguignon, indiquant que le livre à l’origine du scandale lui avait inspiré “du dégoût, de la compassion pour les familles, pour les soignants, le personnel”. Dans son ouvrage, le journaliste indépendant Victor Castanet dénonce un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidants sont “rationnés”. Le but étant d’améliorer la rentabilité de l’entreprise, alors que les séjours sont pourtant facturés au prix fort.
Orpea doit également faire face à une “action collective conjointe” lancée par les familles de résidants en colère. Elles ont porté plainte simultanément et souhaitent “faire nombre, avoir du poids face à un géant”, a expliqué leur avocate, Me Sarah Saldmann. Cette dernière va lancer la procédure d’ici à quelques semaines pour, selon les dossiers, “homicide involontaire, mise en danger délibérée de la vie d’autrui, violence par négligence” ou “non-assistance à personne en danger”.