En plein cœur du XIXe siècle, alors que la révolution industrielle bat son plein, alors que des masses énormes d’ouvriers s’enfoncent dans la misère avec toute leur famille, deux voix s’élèvent, pour mettre en question l’attitude des chrétiens face à cette situation.
Religion = opium du peuple
La première est celle de Karl Marx, dans un texte devenu célèbre.
La douleur qui s’exprime au travers de la religion, est, dit-il, « tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre cette misère. La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur. [… Mais] elle est l’opium du peuple car [elle anesthésie sa douleur]. Nier la religion, ce bonheur illusoire du peuple, c’est [donc] exiger son bonheur réel. »
Nation prétendument chrétienne…
La seconde est celle de William Booth, le fondateur de l’Armée du Salut. « Toute ma vie, j’ai douloureusement senti l’insuffisance lamentable des remèdes énumérés dans les programmes chrétiens, employés généralement par la philanthropie pour faire face aux désespérantes misères de nos classes de parias. […] Mon humanité et mon christianisme, si je puis séparer l’un de l’autre, réclament à grands cris quelque méthode plus sûre et plus large pour atteindre et sauver les foules qui périssent. […] Leurs habitudes vicieuses, les circonstances misérables de leur existence les condamnent, s’ils ne reçoivent nul secours particulier, à souffrir de la faim et à pécher, à pécher et à souffrir de la faim, jusqu’à ce que, ayant multiplié leur espèce et vidé la coupe de la misère, les doigts osseux de la mort se referment sur eux et mettent fin à leurs malheurs […], au milieu du luxe, de la civilisation et de la philanthropie de notre prétendue nation chrétienne. » […]