Les résultats des législatives et le refus, par Emmanuel Macron et le NFP, d’un gouvernement où le centre aurait servi d’appoint à la gauche pour être majoritaire, ont mis le RN au centre de la vie politique. Michel Barnier, après lui avoir fait les yeux doux, n’a pu suivre ses enchères. De son côté, le NFP s’apprête à renverser le gouvernement avec l’appui des voix de l’extrême droite. C’est pourquoi les électeurs qui ont voté pour les candidats de feu le Front républicain sont en droit de demander aux partis qui composent le NFP s’ils ont prévu les conséquences de leurs actes.

Max Weber parlait de « l’éthique de responsabilité » nécessitant d’affronter les « faits dérangeants ». Dans le cas présent, il en existe plusieurs. D’abord, le NFP joue-t-il toujours la carte Lucie Castets et, si c’est le cas, où compte-t-il trouver les voix manquantes pour former une majorité ? Sans cette alternative, un autre gouvernement se trouvera, encore davantage que l’actuel, sous la férule du RN. Ensuite, des censures à répétition peuvent acculer Emmanuel Macron à la démission. Dans une telle conjoncture, la gauche a-t-elle un.e candidat.e unique sous la manche ? Sinon, elle risque… de servir de marchepied à Marine Le Pen ou à Jordan Bardella. Quel beau résultat !

Enfin, dans tous les cas de figure, une censure empêchera le vote, prévu pour le début de 2025, de la loi sur la fin de vie, qui tend à devenir l’Arlésienne de la République. Quand elle était au pouvoir, la gauche s’est montrée incapable d’élaborer une telle mesure. Si, maintenant, sans profit aucun, elle empêche son adoption, celles et ceux dont la vie n’est devenue que souffrance ne lui diront pas merci.

Jean Baubérot-Vincent, professeur d’histoire et de sociologie de la laïcité, pour « L’œil de Réforme »

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