Pour eux, la “course au gigantisme” des festivals français “augmente les impacts écologiques de ces éléments de manière exponentielle”, déplorent-ils. Dans une tribune publiée le 17 juillet par Le Monde, des militants et des consultants en faveur d’une transition écologique dans le secteur culturel tirent à boulets rouges sur la croissance effrénée de certains festivals.
Ils prennent l’exemples de Vieilles Charrues, des Eurockéennes de Belfort et du Hellfest dont la fréquentation a explosé en deux décennies. Le dernier cité, par exemple : pour sa première édition post-Covid, l’événement a enregistré 420 000 entrées payantes, un chiffre qui a plus que doublé par rapport à 2019. Certes, c’est davantage de recettes et des shows plus spectaculaires avec des artistes de plus en plus payés. Mais les conséquences environnementales sont terribles, regrettent-ils dans cette tribune. La tribune pointe surtout le Hellfest, à Clisson (Loire-Atlantique) qui, par exemple, attire des spectateurs venus de loin.
Or, “si seulement 3 % des festivaliers et festivalières viennent en avion sur un grand festival, ils seront responsables de la majorité de ses émissions de gaz à effet de serre, indiquent-ils, citant le Shift Project.” De plus, en période de canicule, les gigantesques brumisateurs ont arrosé le public, alors que la sécheresse menace le département de Loire-Atlantique.
Changement rapide de cap
Pourquoi est-ce si préoccupant ? “D’une part, alors que les multiples crises écologiques nous imposent de mettre la sobriété au cœur des politiques publiques et des pratiques, le Hellfest ne semble pas montrer la voie”, déplorent les auteurs de cette tribune. Ils ajoutent que “cette croissance effrénée accroît la vulnérabilité économique des événements (augmentation du coût des transports, hausse des cachets artistiques, concentration capitalistique…) et augmente les probabilités que certains ne disparaissent de façon brutale, à cause de facteurs que le changement climatique renforce : manque d’eau, événements météorologiques extrêmes, épidémie, difficultés d’approvisionnement énergétique…”.
Ainsi, sans changement rapide de cap et prise de conscience, “le choc pour les économies locales risque d’être sévère”, préviennent-ils. Et d’appeler à “une réflexion sectorielle à tous les niveaux (État, collectivités territoriales, organisateurs, producteurs, tourneurs, artistes…) pour repenser les pratiques et renforcer ce secteur et ces événements qui nous sont si essentiels.”