Ces derniers mois, plusieurs drames nous ont conduit à réinterroger la santé mentale d’adolescents commettant des actes violents. Et que dire de la violence, physique ou verbale, que les adultes s’infligent également les uns aux autres, y compris dans la sphère politique ? Cette violence conduit à la mort, une autre mort, qu’elle soit relationnelle ou intime.

S’agissant de la santé mentale, comment en est-on venu à étouffer dans le silence d’autres formes de maladie mentale qui, elles, ne concernent que celui qui en est victime, et qui sont violentes elles aussi car vécues dans la pire des solitudes ?

Ainsi Nicolas Demorand, journaliste à France Inter, a publié le 27 mars dernier un ouvrage intitulé Intérieur nuit, témoignage de son expérience de la bipolarité qu’il vit depuis plus de vingt ans. « Je suis un malade mental », écrit-il. Oser le dire. Oser le raconter. Exorciser la violence intérieure due au silence. Voici ce que l’auteur ajoute : « Je suis un malade mental dans un monde qui ne sait pas ce qu’est la maladie mentale. Qui pense, d’ailleurs, que ça n’est pas vraiment une maladie. […] La maladie mentale, sauf cas extrême, reste prise dans un nuage de mépris, de déni et de morale. […] Je suis un malade mental et ce que me renvoie la société, c’est que je ne le suis pas, ou que je l’ai choisi – bref, qu’il tient à moi de ne pas l’être. »

Quand la maladie intérieure tourmente, violente, déchire, j’appelle à surmonter le silence et à parler. Cette honnêteté quant à soi-même, que personne ne la néglige, dans les sphères privées comme sur la scène politique. Car personne ne peut prétendre être à l’abri de ce mal qui peut atteindre le commun des mortels comme aussi nos responsables politiques. Il en va de la démocratie autant que de la bonne santé mentale de chacun.

Pierre-André Schaechtelin, pasteur, pour « L’œil de Réforme »

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