La contemplation du printemps est une ode à la vie particulièrement précieuse en ces temps troublés. Sur des rameaux désolés explosent des bourgeons puis des feuilles, selon un processus à chaque fois surprenant et pourtant immuable.

Vivre nécessite du temps

Le plus étonnant dans cette transformation est la vitesse vertigineuse qui semble les animer. Alors que d’abord on ne remarque rien des petits changements intervenus. Mais tout prend soudain sens et l’arbre sec a changé de couleur et d’aspect, comme s’il fallait un certain pourcentage de feuillage vert pour que notre regard prenne conscience que la mort de l’hiver a basculé vers la vie. Ce temps nécessaire à notre regard pour percevoir les changements du monde est une caractéristique de notre humanité. Il faut du temps pour que les choses prennent sens, que nos observations modifient ce que l’on pense.

L’invisible est primordial

Nous ne remarquons pas non plus les choses souterraines, comme la capacité incroyable de certaines cellules à changer de fonction pour devenir bourgeons, ou la poussée extraordinaire de la sève. Or cet invisible est infiniment précieux car il est cette force vitale qui permet de ressurgir d’une cave ou d’un trou après un échec, un désespoir ou un bombardement.

Le printemps de l’Ukraine est à souhaiter, comme le nôtre. Le printemps marque cet espoir que la vie sera de nouveau plus forte que les forces qui l’assaillent, que la solidarité donnera sens à l’humanité. Il marque l’espérance que sera mis au grand jour ce qui dans l’humain dépasse l’Homme, que la prière des uns pour les autres a du sens et un exaucement tangible.

Rupture de Pâques

Pourtant, le message de Pâques est bien différent de ce cycle de la vie et de la force vitale dont l’être humain peut faire preuve au milieu des obstacles qu’il rencontre.

À Pâques, point de tout cela. Seule est palpable la réalité brute et immédiate de l’absence d’un corps dans un tombeau. C’est un choc et non un processus. Et seule compte la question posée aux visiteuses qui s’enfuient, par leur conscience incapable de comprendre. « Et toi, quelles sont ces morts au milieu desquelles tu cherches le vivant ? »