Comme vous tous, je suis horrifiée, atterrée, sidérée… Les mots me manquent mais les faits sont là, dans toute leur brutalité : en France, en 2020, on a décapité un professeur parce-qu’il avait montré des caricatures à ses élèves…

Je vis et je travaille dans une ville où de très nombreux habitants sont musulmans et parfois, oui, c’est vrai… Parfois j’ai peur… Peur parce-que l’ignorance fait le lit de ces terroristes barbares et que nier la réalité ne fait qu’empirer les choses. Peur, parce-que ce même soir, j’ai reçu sur mon téléphone portable, cette « fameuse » vidéo qui appelle à la haine. Je l’ai reçue d’une maman que je connais bien. Qui peut-être n’a pas compris ou réalisé ce que cette vidéo disait. N’a pas eu le recul suffisant pour s’interdire de la diffuser, n’a pas été éduquée pour comprendre qu’on a le droit de dire non, de n’être pas d’accord, de râler, de s’engueuler, de s’affronter verbalement mais qu’on a pas le droit de tuer, de décapiter, d’assassiner lâchement. Alors oui, j’ose le dire… Certains jours j’ai peur.

Et puis, le plus souvent, je me dis que non, je ne dois pas avoir peur. Que mes armes doivent rester les mêmes : l’éducation, encore et toujours, la fraternité, l’amour de l’autre différent. Que laisser gagner ma peur, déménager, changer d’horizon c’est aussi les laisser gagner… Ces barbares assoiffés de sang mais aussi ces politiques immondes qui veulent diviser, séparer, et renvoyer chacun, chacune à sa communauté…

Ma communauté, c’est le monde entier. Ma communauté, c’est l’humain, l’homme et la femme que je côtoie tous les jours. Ma communauté, c’est Nassera et son sourire immense, ma communauté, c’est Moussa et sa peau noire, ma communauté c’est Mustapha le musulman, Monique la chrétienne, Rachel la juive, ma communauté c’est toi, lui, elle, les autres. Alors non, je ne vais pas céder à la peur. Jamais.