J’étais employé par un groupe chimique. Il prévoyait un plan social sur son site Bulgare, constitué d’une grosse centrale thermique au charbon. Les effectifs étaient pléthoriques (500 personnes). J’étais chargé de les ramener à des normes plus « occidentales ». Le personnel était fiable, compétent, dévoué et fortement syndicalisé. Les représentants syndicaux étaient parmi les meilleurs éléments. Je les ai emmenés voir des centrales thermiques en France et en Allemagne pendant une dizaine de jours. Ils ont vu des installations bien tenues, propres, avec peu d’accidents et avec peu de monde. Cette visite a été très utile.

Mon adjoint et moi-même avons procédé par étapes. Nous avons aussi demandé à des entreprises extérieures de reprendre des activités, comme la cantine par exemple, et d’engager le personnel. Nous n’étions pas dupes qu’elles réduiraient les effectifs ultérieurement. Cette première phase, au cours des deux premières années, a permis de ramener les effectifs de 500 à 300 personnes. Mais le plus dur était à venir. La société mère ayant une autre usine similaire, elle m’a confié la charge de faciliter le travail du coordinateur chargé de regrouper les services. Le personnel de l’autre usine étant mieux défendu, et son directeur étant mon chef direct, ce sont presque toujours les employés de la centrale bulgare qui ont été évincés. Cette période a été extrêmement pénible. Nous avons dû nous séparer d’employés compétents qui ne retrouveraient rien d’équivalent ensuite. Une centaine de personnes ont perdu leur poste. Deux employés sont morts. J’en ressens aujourd’hui encore la culpabilité. Aujourd’hui, le personnel a été regroupé, des postes encore supprimés, le matériel changé. Il ne reste que 50 à 60 personnes sur le site.

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