Le président remporte aujourd’hui seulement 11% d’opinions positives dans les sondages. Comme beaucoup d’entre nous, j’ai voté pour lui avec enthousiasme en 2017. Un homme jeune et brillant, proposant un dépassement de l’opposition gauche-droite pour prendre le meilleur de chaque bord : modernisation de l’économie pour favoriser l’innovation et l’investissement, planification écologique, éducation, allègement de la fiscalité, maîtrise des dépenses publiques, défense de l’Europe.
Je lui en veux de ne pas avoir commencé par la réforme des retraites, qu’il aurait pu faire passer sans problème en 2017 avec 67% des suffrages exprimés. Une retraite à points, plus équitable, seul moyen de pérenniser durablement le système social français que le monde entier nous envie depuis 80 ans.
Je lui en veux d’avoir oublié la planification écologique, après une Convention citoyenne pourtant exemplaire, et d’avoir jeté aux orties l’intégralité de ses préconisations. Je lui en veux d’avoir enrichi les riches et pas les pauvres et de ne jamais en avoir mesuré les conséquences. Je lui en veux d’avoir dissous l’Assemblée nationale en 2022, politiquement dynamité la gauche et la droite modérée, et ce faisant d’avoir provoqué la montée des deux extrêmes.
Le résultat ? Des chiffres jamais vus sur les trente dernières années : la dette publique atteint 115% du PIB, 40% de la population vit avec moins de 1700 euros par mois, les 20% les plus riches ont des revenus 4,5 fois supérieurs à ceux des 20% les plus pauvres, la détérioration des services publics est visible. Et l’égalité, pilier de la République, s’est perdue.
Emmanuel Macron n’est pas le seul responsable du chaos actuel. Mais le déclin désormais reconnu de notre pays est à la hauteur de l’espoir qu’il a suscité il y a huit ans. Quel gâchis !
Valérie Lobry-Granger, cadre dirigeante, administratrice, pour « L’œil de Réforme »
