Face à l’afflux, la solidarité citoyenne est sollicitée ! 

La fondation protestante Saint-Jean, créée en 1879 par Gustave Stricker, accompagne des enfants et adolescents en difficulté. En plus de cette mission, elle s’est engagée à prendre en charge des mineurs non accompagnés venus de l’étranger. Les conflits armés, les pénuries alimentaires et la pauvreté les conduisent à quitter leur pays dans l’espoir de préparer un avenir meilleur. « C’est une expérience enrichissante pour nous, selon Alix Grousset, directeur à la fondation. Nous avons acquis des savoir-faire et les jeunes, qui ont chacun une histoire singulière, ont une réelle volonté d’intégration. »

De trois jeunes en 2012, la fondation en soutient vingt-quatre depuis octobre 2017. Placés sous l’aide sociale à l’enfance du Conseil départemental du Haut-Rhin, ces jeunes sont suivis par trois éducateurs spécialisés et logés dans des appartements à Mulhouse et Colmar où ils vivent en semi-autonomie.

Des stages et des contrats d’apprentissage

Issouf, 17 ans, est originaire de Côte d’Ivoire. Il est arrivé à Mulhouse il y a quelques mois après avoir passé quatre mois à l’hôtel. Il a intégré la classe des nouveaux arrivants allophones du lycée Bugatti d’Illzach. « J’ai fait trois stages chez plusieurs boulangers et, à la rentrée scolaire, je rentre en CAP boulanger car j’ai trouvé un employeur. Je suis heureux avec ça. » Pendant les vacances, Issouf a continué à améliorer son français et s’est reposé. Car, comme pour ses copains d’infortune, la route vers une vie meilleure en France est très escarpée. « On demande à ces jeunes dix fois plus qu’à nos propres enfants, explique l’éducatrice spécialisée Fabienne Nirefois. Beaucoup d’entre eux n’allaient pas à l’école dans leur pays. » En plus de l’obtention, souvent difficile, des papiers, de nombreux critères conditionnent leur avenir en France. Les jeunes doivent être assidus, sérieux, avoir trouvé leur voie, un projet précis et/ou un employeur avant leur 18 ans, pour ne pas risquer d’être expulsés à leur majorité. « La plupart des jeunes que nous avons suivis y sont arrivés car ils sont très motivés », assure Fabienne Nirefois.

« Je ne regrette pas d’être parti de chez moi »

Ali, 16 ans, et Boukari, 17 ans, ont tous deux quitté leur Mali natal. Le premier a suivi un groupe qui est passé par l’Algérie, le Maroc et l’Espagne et a ainsi voyagé pendant un an dans des conditions difficiles, en laissant derrière lui son grand frère et ses deux sœurs. Ali a commencé à apprendre le français au lycée Amélie-Zurcher à Wittelsheim. « J’aimerais devenir boucher. » Boukari était cultivateur avec sa mère et son frère. « Je ne regrette pas d’être parti de chez moi, le pays est très pauvre et je peux appeler ma famille de temps en temps. » En stage pendant une partie de l’été, le jeune homme va démarrer un contrat d’apprentissage en cuisine à la rentrée. « J’ai trouvé un employeur et je vais travailler dans un restaurant à Wittenheim, je suis motivé. »

Pour ces jeunes, il reste peu de place pour s’amuser et se faire plaisir. « On organise parfois des sorties mais j’aimerais bien avoir plus de temps pour eux », regrette Fabienne Nirefois.

Guy Zolger, le président de la fondation Saint-Jean, lance un appel aux Haut-Rhinois désireux d’aider ces jeunes. « Des paroissiens pourraient passer du temps avec eux, que ce soit en week-end ou en vacances par exemple ».Pour lui, c’est l’occasion de donner le plus de chances possibles à ces jeunes pour qu’ils s’intègrent au mieux. « On devrait considérer cette aide comme un investissement pour l’avenir et non pas comme une charge. Si on change le destin de ces jeunes, ils seront un bénéfice pour la société. »