Le résultat est historique : vingt ans après la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac, et cinq ans après celle de sa fille, Marine Le Pen, face à Emmanuel Macron, la candidate RN récidive, écrit La Croix. Elle atteint 23,15% des voix, soit près de deux points de plus qu’en 2017.

À cela s’ajoutent les 7,07% du polémiste Éric Zemmour (Reconquête!) et les 2,06% du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France). Ainsi, au total, près d’un tiers des électeurs ont voté pour un candidat d’extrême droite, dimanche 10 avril, lors du premier tour de l’élection présidentielle. “Tout le monde comprendra que nos idées valent beaucoup plus que notre score d’aujourd’hui”, a lancé Éric Zemmour, qui a également appelé à voter en faveur de Marine Le Pen.

Cette dernière a déclaré : “J’ai décidé d’être libre des attaches partisanes pour m’adresser à vous. Je continuerai à le faire pour être, au lendemain du second tour, la présidente de tous les Français”. “J’appelle tous les Français de toutes sensibilités, à rejoindre ce grand rassemblement national et populaire”, a-t-elle ajouté, après l’annonce des résultats. Malgré 4,7 points de retard derrière le président sortant Emmanuel Macron, il s’agit d’un réel succès pour Marine Le Pen.

Macron n’est plus la nouveauté

D’autant que 2022 n’est pas 2017, même si les deux candidats qualifiés pour le second tour sont les mêmes. Le score d’Éric Zemmour devrait apporter une réserve de suffrages, note La Croix. À l’inverse, la solidité du “front républicain”, dont pourrait bénéficier Emmanuel Macron et qui n’a cessé de se réduire depuis les 82% remportés par Jacques Chirac il y a vingt ans face à Jean-Marie Le Pen, pose question, poursuit le quotidien. La Croix cite plusieurs études : près de la moitié des électeurs ayant voté pour le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon envisagent de s’abstenir alors qu’un quart sont prêts à donner leur suffrage à Marine Le Pen.

Ce qui change aussi, explique le politologue Erwan Lecœur à France Infoc’est que depuis quarante ans de lepénisme en France, et vingt ans après le 21 avril 2002, on a l’impression que le front républicain n’existe plus pour une raison structurelle due à notre système politique”. Il précise : “Les grands partis de gouvernement de gauche et maintenant de droite ont implosé. Ils n’existent plus.”

Pour ce spécialiste, “Marine Le Pen est au coude à coude avec le sortant Emmanuel Macron. C’est ça aussi qui a changé par rapport à 2017. À l’époque, Emmanuel Macron, c’était la nouveauté. Aujourd’hui, ce n’est plus la nouveauté. C’est Marine Le Pen qui, éventuellement, apparaît comme la nouveauté potentielle.” Ce que disait Emmanuel Macron, à quelques jours du premier tour, le 4 avril, sur France Inter, résonne aujourd’hui si fort : “Je n’ai pas réussi à endiguer (l’extrême droite).