Jusqu’à jeudi 28 octobre, des victimes et des proches de personnes décédées lors des attentats du 13 novembre 2015 défilent à la barre de la cour d’assises spéciale, à Paris. Au rythme d’une toutes les trente minutes. En cinq semaines, 350 témoignages poignants auront été recueillis, chiffre Ouest France. Avec ses mots, chaque partie civile a décrit son 13-Novembre. Ce soir-là, tous étaient venus passer du bon temps. Mais tous ont été confrontés à l’horreur et à la mort au Stade de France, aux terrasses des restaurants ou au Bataclan.

Cécile, présente au Bataclan, évoque “comme un champ de blé qui se couchait dans la fosse. Bizarrement, cette image m’a soulagée. Je crois que mon cerveau ne voulait pas voir ce qu’il se passait”. Quant à Olivier, il raconte comment il a perdu un ami à la terrasse du Carillon. “Des balles, cela fait ça : boum ! Boum ! Boum !​”, crie-t-il sept fois, levant un bras en l’air et plongeant la salle d’audience dans le silence le plus complet.

La victime oubliée

Mais ces cinq dernières semaines ont également permis de se souvenir de Manuel Dias, 63 ans. Il est l’unique mort du Stade de France. Chauffeur de car, il avait conduit depuis Reims des spectateurs du match France-Allemagne. À la barre, sa fille a mis l’accent sur le fait que dans les esprits, beaucoup ont oublié qu’il y avait eu un mort à Saint-Denis le 13 novembre 2015. Certains n’associent pas cet attentat à la terrible soirée du 13-Novembre. “Le Stade de France, c’était quel attentat déjà ? Le devoir de mémoire prime. Et je trouve regrettable qu’on ne sensibilise pas davantage les jeunes sur ce qu’il s’est passé” , commente-t-elle.

Si pour certaines parties civiles le pardon semble impossible, d’autres comme Nicolas, rescapé avec son épouse du Bataclan, déclare : “Jugez-les [les accusés] ! Montrons-leur les vraies valeurs de notre société ! Et oublions leurs noms à jamais !”