Tom et Maureen comptent parmi les quinze rescapés qui s’expriment au procès ce lundi 11 octobre et dont les paroles sont rapportées par France Inter. Ils décrivent chacun les détails glaçants qui les ont fait traverser ces événements traumatiques que furent les attentats du Bataclan. Le bruit de la balle, la rapidité et la violence de son impact, la douleur, la vision de la mort dans les yeux de son voisin, et le choix terrible de rester avec lui ou de fuir. La culpabilité d’avoir réussi à vivre. Les morts qui les hantent, avec obsession, dans les rêves.

Tom, ne pas avoir pu aider son prochain

Pour Tom, c’est un mort en particulier, son voisin, qui, prenant une balle en plein corps, s’est accroché à Tom en l’implorant de l’aider. D’instinct, Tom fait le choix d’aller aider quelqu’un d’autre, son ami Antoine avec qui il était venu voir le concert. Depuis six ans, Tom ne se remet pas de ce « choix » qu’il a fait, ce « calcul froid », selon ses dires. Après cette nuit d’horreur, Tom confie qu’il est tombé « dans l’alcool, la drogue, la perte de son entreprise », selon France Inter. Il confie à la barre sa grande culpabilité de ne pas avoir sauvé son voisin : « Je tiens à dire à la personne que je n’ai pas sauvée, à ses proches, à ses parents que je m’excuse. » Tom raconte alors, le visage rouge d’émotion, le rêve récurrent qu’il fait : « Je vis ce moment où on se regarde dans les yeux. Il est en train de comprendre que je ne vais pas le récupérer. Je me détache de sa main. Il est assis. On se regarde. »

Maureen, la culpabilité de rester vivante

Le sentiment récurrent de culpabilité, celui de ne pas avoir fait le bon choix, est aussi ce qui empêche Maureen de vivre normalement. Cette trentenaire a survécu aux attaques du Bataclan en s’allongeant vite au sol, feignant d’être morte. Alors qu’une femme tombe sous les balles à côté d’elle, Maureen hésite entre aider cette jeune femme, ou fuir. Une certitude s’impose vite : revoir sa fille de sept ans. « Rester ou aider, il faut vite faire un choix. » Maureen a donc fui, et elle est depuis ce moment hantée par la culpabilité du survivant. « Avec ce sentiment, livre-t-elle, on a tous pris perpétuité. » Le sentiment d’une prison, d’une impossibilité à vivre normalement. Ce sentiment récurrent de culpabilité présent chez tous les survivants d’une catastrophe collective contraint la victime à se sentir illégitime à vivre. Puisque les autres sont morts, pourquoi ne suis-je pas mort moi aussi ?

Pour trouver le calme et la résilience, aider les autres et s’aider soi-même. Maureen a été une des fondatrices de l’association de victimes Life for Paris, destinée à aider les survivants à vaincre leur trauma.