Il est l’un des deux accusés jugés pour avoir exfiltré Salah Abdeslam de France le soir des attentats du 13 novembre 2015, écrit France Inter. Vendredi 28 janvier, Mohammed Amri a été interrogé par la cour d’assises spéciale. Cette dernière lui reproche également d’avoir pu participer à la location de voitures qui ont servi à ramener les commandos terroristes.
C’est d’abord son père qui est vu et entendu, en visio, depuis la Belgique. L’homme de 66 ans décrit son fils Mohammed, quatrième enfant d’une fratrie de six, comme “quelqu’un de très humain, il donnait de la nourriture aux gens qui en ont besoin.” Mohammed travaillait au SAMU social de Bruxelles : c’est d’ailleurs à la fin d’une maraude, vers deux heures du matin, qu’il est allé chercher Salah Abdeslam en banlieue parisienne pour le ramener en Belgique le 14 novembre 2015 au matin, relate France Inter. “Il s’est fait avoir sans le savoir”, prétend le père Amri. Il assure que son fils “n’a jamais été radicalisé, ce n’était pas son genre, c’est clair”.
“Je ne suis pas radicalisé”
Puis, c’est au tour de son épouse de prendre la parole, elle aussi en visio depuis Bruxelles. “Ce qui s’est passé, je trouve ça effroyable”, dit-elle avant de se mettre à pleurer. Elle raconte avoir toujours eu peur que son mari se fasse interpeller pour des affaires liées aux stupéfiants. “Mais pas pour du terrorisme”, assure cette puéricultrice en crèche de 31 ans. Elle parle d’un “homme tellement gentil”. Quand un avocat de la défense lui demande comment Mohammed Amri a pu manger des œufs le 14 novembre 2015 vers midi, sans dire à sa femme qu’il venait de ramener en Belgique Salah Abdeslam, elle lui répond que son mari avait “les yeux gonflés, il était silencieux, j’ai mis ça sur le compte de la fatigue”.
Enfin, Mohammed Amri est appelé à prendre la parole. Sur la religion ? “Je ne suis pas radicalisé, le mot radicalisé, je ne le connaissais pas avant la détention, la taqqya, tout ça”, dit-il. Comment s’est-il rapproché de Salah Abdelsam en juin 2015 ? “La vérité, je me rappelle plus”, répond-il souvent avant de lâcher : “La vérité, c’était quelqu’un de bien Salah Abdeslam !” Il finit par dire : “Je me suis fait avoir par les frères Abdeslam”. Et d’ajouter : “Si je suis ici, c’est à cause d’eux, vous le savez, ça ?” Un avocat de parties civiles lui fait remarquer que, juste avant, il a répété que Salah Abdeslam était quelqu’un de bien. “Si je suis ici, c’est à cause de lui, donc je lui en veux un peu, la vérité, mais je suis prêt à pardonner”, répond-il. “J’ai entendu à la barre des victimes qui disaient qu’elles étaient prêtes à pardonner. Je suis quelqu’un de sensible, je suis content qu’il soit encore en vie, après c’est à la cour d’en juger”.