Situation au Proche-Orient, relations avec le Rassemblement national, mais aussi les hausses d’impôts annoncées, les mesures d’économie, etc. Michel Barnier a développé certains points abordés lors de son discours de politique générale de mardi dernier. Invité sur le plateau de l’émission « L’Événement« , sur France 2, le Premier ministre s’est prêté au jeu de l’interview. Un entretien qui a commencé par un point sur la situation au Proche-Orient. À ce sujet, s’il y a bien “un risque d’embrasement” Michel Barnier “ne crois pas qu’il soit trop tard pour l’interrompre”. Ministre des Affaires étrangères de 2004 à 2005 sous Jacques Chirac, le chef du gouvernement estime qu’“Israël est en état de légitime défense en quelque sorte” après les massacres du 7-Octobre. Et d’ajouter :  “La sécurité d’Israël n’est pas négociable, et en même temps, quand il y aura un cessez-le-feu, il faudra tracer une perspective pour le peuple palestinien.”

Le Premier ministre a également profité du micro tendu pour éclaircir sa relation avec le Rassemblement national. “Je ne négocie pas avec Marine Le Pen, ni avec les partis d’extrême gauche qui n’ont pas voulu participer au gouvernement”, a-t-il souligné. “J’ai simplement rappelé à Marine Le Pen ce que j’avais dit en arrivant [à Matignon], que tous les députés seraient respectés, que je dois le respect aux élus de la Nation”, a-t-il ajouté, faisant ainsi en référence au recadrage d’Antoine Armand, ministre de l’Économie , le 24 septembre. Le patron de Bercy avait alors dit que le Rassemblement national n’appartenait pas “à l’arc républicain”.

Quid des hausses d’impôts annoncées ?

Alors que le projet de budget pour 2025 doit être présenté aux députés le 10 octobre, Michel Barnier a annoncé que “300 entreprises” seront concernées par des hausses d’impôts. Une augmentation provisoire, “pendant un an, peut-être deux”. Une durée qui sera “actée quand ce sera voté”. Cet effort, “exceptionnel” et “temporaire”, concerne les plus grandes entreprises “qui font plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires”, a ciblé le chef du gouvernement.

Toujours à propos des mesures fiscales “exceptionnelles et temporaires” visant les plus riches, Michel Barnier estime qu’elles permettraient de récolter “peut-être 2 milliards” d’euros, par l’intermédiaire d’un “ajout” à la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, un impôt déjà existant. Espérant trouver 60 milliards d’euros dès 2025, quelque 40 milliards d’euros sont censés provenir de réductions de dépenses. Le reste sera le fruit des hausses d’impôts.

Malgré cela, le premier ministre a déclaré : “Non, on n’entre pas dans une période de rigueur, ni d’austérité, puisque les dépenses publiques vont continuer d’augmenter, comme l’année dernière. Donc ce n’est pas la rigueur.” 

Report de la revalorisation des retraites

Questionné sur sa décision de reporter la revalorisation des retraites de six mois, Michel Barnier a insisté sur la nécessité pour l’État d’économiser 60 milliards d’euros. “Je demande un effort à tout le monde, et cet effort, il sera juste. Et je pense que celui-ci, il est juste et proportionné, même si je sais qu’il est difficile”, a-t-il commenté.

Fusion des services publics

Parmi les pistes imaginées pour réduire les dépenses de l’État, Michel Barnier propose aussi de « fusionner des services publics ». « On va sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires quand ils ne sont pas en contact direct avec les citoyens, tous les fonctionnaires qui partent en retraite », a-t-il évoqué. 

Fin de vie

Comme il l’avait dit lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a répété qu’il était “favorable à reprendre le travail là où il a été interrompu”. Afin de gagner du temps, c’est bien le projet de loi tel qu’il a été examiné et amendé que Michel Barnier souhaite reprendre. “Il faut faire les choses sérieusement, avec gravité. Peut-être aussi en écoutant les soignants et les accompagnants”, a-t-il souligné.

Prestations sociales

Le chef du gouvernement entend ouvrir “un chantier (…) qui va prendre un peu de temps” : celui de “l’allocation sociale unique”. “Il faut que le travail paie plus que l’addition des allocations. Il faut aussi débureaucratiser cette masse d’allocations qui sont réparties”. Ce chantier fait partie de ceux présentés mercredi par Laurent Wauquiez, président des députés Droite républicaine (ex-LR). Son groupe préconise une “allocation sociale unique plafonnée” à “70% du Smic”, de quoi permettre, selon lui, de lutter contre l’“assistanat”.

Immigration 

À propos de sa vision de l’immigration, Michel Barnier a déclaré que lorsqu’“elle est acceptée, choisie, qu’on accueille des gens qui sont en danger”, c’est “le droit et l’honneur de notre pays et de l’Europe de les accueillir”. “Il y a tellement de sportifs, de musiciens, d’entrepreneurs qui donnent l’exemple et qui sont bien intégrés”, a-t-il mis en avant. Assurant qu’il “fixe la ligne” dans ce domaine, il a, d’une certaine manière répondu à Bruno Retailleau. Ces derniers jours, son ministre de l’Intérieur a affirmé qu’à ses yeux, “l’immigration n’est pas une chance pour la France”.

Agriculture

Michel Barnier se rend ce vendredi dans une exploitation agricole du Puy-de-Dôme. Sur le plateau de France 2 il s’est adressé aux agriculteurs. “Touchés par des crises sanitaires, des mauvaises récoltes”, ils “méritent d’être encouragés. Ils en ont ras-le-bol. Ras-le-bol des contraintes, des règles et des contrôles”. Aussi, celui qui a été ministre de l’Agriculture sous Nicolas Sarkozy veut “faire une pause sur les normes”.  Les agriculteurs “travaillent beaucoup de manière vitale pour faire vivre, pour nourrir les Français avec de la nourriture saine, équilibrée, diversifiée, traçable”, a-t-il ajouté.

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