Compte-rendu de Jean-Claude Widmann, paru dans la revue LibreSens de novembre-décembre 2017
Nous sommes dans les années post-68. Des familles s’émeuvent parce que nombre de leurs enfants arrêtent brusquement leurs études, quittent la maison, vont à des groupes dont on découvre les noms : Moon, Krishna, Enfants de Dieu, Scientologie…, se livrent à des pratiques ascétiques, acceptent des interdits alimentaires, sexuels…
Mais, hors les parents de milieux religieux, peu de réactions. On ne voit pas la différence avec les mouvements marginaux qui prolifèrent en marge de l’Église. Du moins jusqu’au moment, dans les années 80, où l’on apprend un massacre collectif en Guyana, puis un autre dans le Vercors parmi les adeptes de l’Ordre du Temple solaire. On s’avise alors que « les sectes », c’est autre chose que des hérésies bousculant les vieilles religions, que ce sont peut-être des entreprises de manipulations, d’emprises graves sur des personnes fragiles confinant au « lavage de cerveaux ». Trois sortes d’entreprises menées par ces organisations font peur : des procédés d’éducation inquiétants, des interventions en matière de santé comme le refus des vaccinations et des transfusions sanguines, des refus d’intégration dans la société (comme les Témoins de Jéhovah face au service militaire). Elles représentent une menace pour la cohésion sociale […]